Un pétillant 160e anniversaire

Boisson emblématique du Siècle des lumières, le champagne est lié à la célébration. Ce qui est moins connu, c’est que Veuve Clicquot Ponsardin a été la première maison à expédier régulièrement des caisses de ce vineffervescent au Québec dès 1855 ! Ainsi, les célèbres bouteilles sont complices des meilleures tables d’ici depuis 160 ans.
Veuve Clicquot Canada a tenu à souligner ce vénérable anniversaire, mercredi dernier, au Fairmont Le Château Frontenac.
Si le champagne était présent par intermittence en Nouvelle-France, il se raréfie après la Conquête. Aux difficultés inhérentes au transport transatlantique s’ajoutent d’importantes contraintes commerciales : la France, ennemie de la Grande-Bretagne, n’est pas la bienvenue dans la vallée du Saint-Laurent. Les échanges entre le Canada et son ancienne mère patrie sont donc presque inexistants. Point de commerce, point de champagne.
Les choses sont appelées à changer au milieu du XIXe siècle, alors que le gouvernement britannique abolit les lois interdisant aux navires étrangers de naviguer en eaux canadiennes. L’alliance franco-britannique pendant la guerre de Crimée favorise en outre la reprise des relations diplomatiques et commerciales. L’occasion est belle. L’ouverture du marché canadien profite aux négociants français les plus hardis… dont Mme Clicquot.
La Veuve et le Canada
Barbe-Nicole Clicquot-Ponsardin, dite Veuve Clicquot (1777-1866), est une personne d’affaires avisée et visionnaire, une figure d’entrepreneuriat féminin hors du commun, dépassant largement les frontières de la Champagne, de la France et de l’Europe.
Dans une lettre du 24 février 1855, Clicquot explique être « toute disposée à expédier, à titre d’essai », ses meilleurs champagnes au Canada afin de « propager la réputation de ma marque dans vos contrées ». Dans les mois qui suivent, 25caisses de Veuve Clicquot Ponsardin sont envoyées à Québec, et tout autant à Montréal.
L’élite canadienne, aussi bien d’ascendance française que britannique, raffole de ce vin de fête. Les bouteilles de Veuve Clicquot sont de tous les repas gastronomiques avec le homard, les pintades et autres mets raffinés.
Bien sec, s’il vous plaît
Fait intéressant, on connaît les préférences des Canadiens en matière de champagne… grâce à Mme Clicquot elle-même ! Dans sa correspondance d’affaires, cette dame avisée n’hésite pas à s’enquérir des goûts locaux : « Êtes-vous convaincu qu’il est essentiel qu’un vin soit sec et corsé pour réussir chez vous ? » demande-t-elle sans détour à l’un de ses agents au Canada.
C’est ainsi que, dans les années 1870, on trouvera ici du Veuve Clicquot doux et du Veuve Clicquot sec.
Le choix du Château Frontenac pour célébrer ces 160 ans d’histoire n’était pas anodin. Bien campé sur le cap Diamant, il s’agit du site même où s’érigeait autrefois le château Saint-Louis, centre du pouvoir et résidence des gouverneurs. Depuis 1892, le Château Frontenac prolonge et confirme le prestige de ce site.
Si l’on tend l’oreille, peut-être entendra-t-on les échos des soirées réunissant toute la meilleure société. Ce brillant foyer de la vie sociale et culturelle était en effet le théâtre de plantureux repas, banquets et réceptions, notamment lors des visites officielles de la famille royale… où le champagne, roi des vins, présidait et préside encore immanquablement !