L’industrie de la restauration en temps de pandémie immortalisée en images
Collaboration spéciale, cariboumag.com

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs
Pour se désennuyer, Dominic Laflamme, restaurateur propriétaire des populaires enseignes montréalaises Heirloom, État-Major et Quartier général, et sa maître d’hôtel ont décidé de marquer chaque jour du mois d’octobre sur une ardoise et d’immortaliser le tout en photo. À ce moment, il était loin de se douter que son projet allait se poursuivre plusieurs mois et que des dizaines de restaurateurs y participeraient.
Tout a commencé le 1er octobre 2020. La semaine précédente, le gouvernement annonçait la fermeture des salles à manger pour 28 jours, ou « deux périodes de 14 jours », se souvient très précisément Dominic Laflamme.
Sur sa page Instagram, on trouve donc des photos de lui aux côtés de grands restaurateurs, au beau milieu de leur restaurant vide : Joe Beef, Foxy, Vin Papillon, Arthur’s, Isle de Garde, Maison Boulud, Monarque, Manitoba, Montréal Plaza, Pastaga, Bouillon Bilk, Le Mousso, entre autres, mais aussi chez des concurrents, comme Le Trèfle, Hélicoptère ou Le Flamant, tous situés à quelques pas de ses propres restaurants dans Hochelaga.
Alors que les restaurants reprennent tranquillement vie, on a voulu faire un bilan de cette série photo avec le restaurateur, dont la dernière addition date du 25 mars 2021, soit le 176e jour d’octobre.
« C’était octobre », peut-on lire sur la publication du 29 octobre2020, celle qui aurait dû être la dernière. Pourquoi avoir continué le projet ?
Quand le mois s’est terminé, on a fait un grand salut pour dire « bye, le projet est terminé ». Mais le lendemain, j’étais malheureux que ce soit fini. Je me suis dit, je dois aller voir d’autres restaurateurs ! J’ai commencé par mes amis les plus proches, puis j’ai fait des appels. Tous les jours, j’allais quelque part. Des fois, je faisais même deux restaurants.
Qu’est-ce que cette série photo vous a apporté, en temps de pandémie ?
Personnellement, ça m’a fait beaucoup rire. Je me suis fait énormément d’amis dans le domaine de la restauration. J’ai été reçu en roi chez certains. Je garde un souvenir incroyable de ma rencontre avec Carlos Ferreira (Ferreira Café) ou de ma soirée avec Marc-André Jetté (Hoogan et Beaufort). J’ai certainement fait des jaloux avec toutes mes rencontres.
Quel était le concept des photos ? Pourquoi sont-elles en noir et blanc ?
C’est tout simple, j’ai rapidement découvert que prendre des photos en noir et blanc, c’était une excellente béquille pour quelqu’un qui n’est pas photographe ! (rires) J’aimais aussi le fait que ça donnait une belle facture dramatique. Ça rendait le tout intemporel. C’était un mois d’octobre sans fin.

Quand venait le temps de prendre la photo, je disais aux gens : « On n’est pas contents, on fait la gueule. Ça ne va pas bien aller. » On avait parfois un verre de vin plein, parfois vide, en guise de protestation. On refusait de trinquer dans nos restos vides.
Cette série photo a-t-elle alimenté une certaine réflexion sur le monde de la restauration pour vous ?
Oui. Ces photos sont des preuves d’une grande amitié entre restaurateurs. Ce sont tous des amis, des gens que j’aime profondément… même si nous sommes des concurrents. Je suis allé chez les autres, pas à leur table, mais derrière leur bar, leurs fourneaux. Ces photos-là montrent le caractère non compétitif de la pandémie. On est tous complémentaires sur la scène culinaire montréalaise.
Avec la réouverture annoncée des restaurants, voyez-vous une suite à votre projet photo, ou plutôt une fin ?
Ça va devenir un souvenir collectif. Un jour, j’aimerais que ça devienne un livre dans lequel je pourrai raconter les anecdotes qui vont avec ces rencontres et ces photos. Ça ne sera pas pour faire de l’argent, mais pour se souvenir de tout ça. Se rappeler que, pendant deux ans et demi, nos restaurants ont été fermés, ouverts, fermés. Entre-temps, j’aimerais faire des vernissages de ces photos, inviter des petits comités, manger des bouchées préparées par les restaurateurs en vedette sur les photos. La pandémie n’a pas été seulement triste, c’est de ça dont je veux me souvenir.
Chronologie des mesures sanitaires imposées aux restaurants
15 mars 2020 : Réduction de moitié de la capacité maximale des restaurants.
24 mars 2020 : Fermeture de tous les services, sauf services essentiels, jusqu’au 13 avril 2020.
30 mars 2020 : Les commerces essentiels seront fermés le dimanche pour tout le mois d’avril. Les comptoirs pour emporter des restaurants font exception.
15 juin 2020 : Reprise de la restauration sur place.
1er octobre 2020 : Les bars et les salles à manger des restaurants sont fermés pour une période de 28 jours en zone rouge.
26 octobre 2020 : Annonce du maintien des mesures sanitaires en zone rouge jusqu’au 23 novembre.
8 février 2021 : En zone orange, réouverture des restaurants.
7 juin 2021 : Réouverture des salles à manger des restaurants à Montréal.
1er septembre 2021 : Mise en place du passeport vaccinal.
31 décembre 2021 : Fermeture des salles à manger des restaurants.
1er février 2022 : Réouverture des salles à manger des restaurants.
12 février 2022 : On peut maintenant être trois bulles par table (plutôt que deux) ou 10 personnes (plutôt que 4).
Dès le 14 mars 2022 : Plus aucune limite de clients par table et le passeport vaccinal n’est plus imposé au Québec.
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