Place Carmin, où il fait bon se poser

Après leurs succès au Bouillon Bilk et au Cadet, Mélanie Blanchette et François Nadon, avec l’allié Émile Colette, récidivent cette fois avec une brasserie française dans le Vieux-Montréal.
Dans la mer de restaurants qu’est la métropole, la proposition est intéressante : est-ce qu’un classique du genre peut sortir du lot ? Aussi espérions-nous qu’ils n’aient pas étiré la sauce pour rien. Nous avons poussé la porte pour y voir de plus près.
C’est au milieu de tours de condos hypermodernes que s’anime cet immeuble industriel aux briques rouges. D’ailleurs, le rouge est aussi la couleur des pommes qui jonchaient la terrasse lorsque les proprios ont pris possession de l’espace. De là est né le nom : Place Carmin, comme dans « place au rouge profond ». Comme un écrin chaleureux où il fait bon se poser.
À l’image de ses frangins, Place Carmin a un décor minimaliste et élégant. Sur fond crème, on a posé du lambris et de grands miroirs, en plus de laisser vivre les puits de lumière existants. Le mobilier tout en bois blond est confortable, et le long bar qui traverse le restaurant donne envie de s’y attarder. Les touches de néons rouges viennent casser cet ensemble qui pourrait être trop propret pour en faire un lieu où tout le monde se sent à son aise. Un beau travail de la firme de design Clairoux. De plus, la musique prend peu de place, mais l’ambiance est au rendez-vous. Bel équilibre qui en réjouira plusieurs. Voilà assurément l’une des forces du trio à la tête du projet : plusieurs petits détails illustrent leur souci de bienveillance.
Soulignons tout de suite les qualités du personnel. Lors de notre passage, nous avons été servis par une nouvelle recrue qui n’avait pas encore eu le temps de goûter aux plats pour nous en faire l’apologie. Aucune critique ici : dans cette ère où la main-d’œuvre est une denrée rare, nous sommes plutôt contents que l’équipe réussisse à faire rouler leur nouveau restaurant — dont l’ouverture a été retardée par un certain virus. Nous voulons plutôt mentionner le service à l’avenant, où notre hôte n’a pas hésité à demander conseil à la maître d’hôtel pour l’accord des vins, par exemple. Ici, le mot d’ordre semble être « simple et enjoué », ce qui colle pile-poil avec l’endroit ; c’est une brasserie française, après tout.
La proposition du menu
Et ce qui colle bien aussi, c’est la proposition du menu : les classiques français ponctués de créations saisonnières, ce qui nous semble être le meilleur des deux mondes. Tarte Tatin au boudin, vichyssoise de courgette, saumon fumé, tartare de bœuf et différentes pièces de la viande sur le gril servies avec frites ; nous sommes vraiment en terrain connu. Avec un verre de bulles québécoises et les trois délicieux canapés proposés, nous tentons de nous faire une tête. C’est que tout a l’air bon.
En entrée, nous optons pour la burratina et tomates fraîches avec crème aux herbes et petits dés de croûtons. Ça serait cliché de dire que ça goûte l’été, mais c’est pourtant ça ! L’invitée prend les ris de veau en croûte et, tout à coup, on savoure l’automne. La pâte feuilletée est sublime et la sauce où baignent les abats nous fait chercher la cuillère. Nous serions parties tout de suite qu’on aurait été comblées.
Un lieu inspirant
Le deuxième service accroche un peu, mais n’est pas moins réussi. Le schnitzel de patate douce — l’unique proposition végétarienne — est une charmante idée. Le mariage de purée et de panure devient toutefois un peu redondant, voire sec, rendu à mi-parcours. La salade de fenouil en garniture est fort bienvenue et on se dit qu’un peu plus de cette divine vinaigrette aurait amélioré le plat. En revanche, le plat de loup de mer n’était pas sec du tout, grâce à la bisque de homard qui l’accompagnait. Et du verre d’eau… Parce que le sel était on ne peut plus présent.
Enfin, par gourmandise plus que par appétit, nous avons jeté notre dévolu sur le paris-brest garni d’une crème de noisette et de confiture de raisins Concord — une merveille de saison ! — et sur le shortcake aux fraises, un incontournable selon notre serveuse. Les deux desserts sont formidables. Il y a de l’expérience en cuisine, et ça se constate du début jusqu’à la fin.
L’heure nous rappelle à l’ordre. On croirait que le temps s’était arrêté. On quitte les lieux en espérant que l’endroit, après l’excitation des premiers mois, saura trouver sa faune, ses habitués du quartier qui garderont l’endroit vivant. Car n’est-ce pas là le propre des brasseries françaises ? Place Carmin fait ce que plein d’autres endroits proposent, mais il a le talent et un lieu inspirant pour bien le faire.
Mauricie gastronomique
L’événement culinaire MYCO met en lumière les trésors gastronomiques des forêts de la Mauricie pour une cinquième année. Du 1er au 11 octobre, 24 chefs proposeront des menus élaborés en collaboration avec des cueilleurs de la région. Champignons, herbes, noix forestières, fruits sauvages et autres trouvailles de saison seront au coeur de ces différents plats, offerts de l’aube jusqu’au dessert. De Trois-Rivières à La Tuque, avec des boucles dans les terroirs de Saint-Élie-de-Caxton, de Grandes-Piles ou encore de Saint-Paulin, les gourmands auront l’occasion de découvrir des produits et saveurs d’ici. Des activités d’initiation à la cueillette et des randonnées en forêt sont aussi organisées par des guides mycologues. myco04.caLégende
★ Je regrette de devoir vous en parler★★ Pas mauvais, mais on n’est pas obligés de s’y précipiter
★★★ Bonne adresse
★★★★ Très bonne adresse
★★★★★ Adresse exceptionnelle pour la cuisine, le service et le décor
$ Le bonheur pour une vingtaine
$$ Une quarantaine par personne
$$$ Un billet rouge par personne
$$$$ Un billet brun par personne
$$$$$ Le bonheur n’a pas de prix