Les saveurs d’Helena Loureiro prennent d’assaut la capitale

La cheffe Helena Loureiro s’inspire des produits québécois pour marier les saveurs portugaises aux aliments locaux.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir La cheffe Helena Loureiro s’inspire des produits québécois pour marier les saveurs portugaises aux aliments locaux.

On connaissait la passion de la cheffe Helena Loureiro pour le mariage entre sa cuisine portugaise et les ingrédients québécois. On savait l’enthousiasme qui émanait des salles à manger du Portus360 et du Helena, près du Vieux-Montréal. Ce qui nous avait échappé, c’est son amour pour la ville de Québec.

C’était il y a près d’un mois déjà, nous étions assis dans la verrière de la salle à manger du Champlain, restaurant phare du Château Frontenac. En retard de quelques minutes, Helena Loureiro, de passage pour quelques jours, avait une très bonne excuse : elle venait de signer un bail pour avoir son pied-à-terre dans la capitale.

« Je vais ouvrir un restaurant portugais à Québec, dévoilait-elle, tout sourire. C’est un projet que [la pandémie] m’a apporté. Si ce n’était pas de la COVID, peut-être que je n’aurais pas eu le temps de réfléchir à ce projet que j’ai en tête depuis longtemps. J’adore la ville de Québec depuis toujours. Et je pense qu’il y a une place pour ma cuisine ici. »

Son nouveau restaurant gastronomique, Helena, ainsi que sa frangine, le Grelha Lisboa — dont la spécialité sera les grillades portugaises —, seront situés dans le nouveau complexe QG Sainte-Foy qui pousse près du marché public et de la gare d’autobus. Deux nouvelles adresses qui sont des extensions, en quelque sorte, de ce qui a fait sa renommée dans la métropole. Une cuisine « basée sur la simplicité, explique-t-elle. Je dis toujours que 25 % de mon travail, ce sont les produits de qualité. Le reste, c’est de bien assaisonner, de faire les bonnes cuissons, les bons goûts ».

Ouverture d’esprit

Mais pour l’heure, la cheffe se tarde de nous parler de sa présence au Château Frontenac à l’invitation du directeur culinaire, Frédéric Cyr. Pour tout le mois de juillet, son menu signature de sept services est disponible au Champlain. Une cuisine portugaise inspirée comme toujours par les produits québécois, notamment le homard des Îles-de-la-Madeleine et le porc de la ferme Gaspor, dans les Basses-Laurentides.

Devant nous, un carpaccio de pieuvre, sa « carte de visite », est agrémenté d’une purée de légumineuses à l’encre de seiche. « À mon restaurant, il n’y a pas une table qui ne commande pas la pieuvre, même ceux qui ont une certaine réticence », souligne-t-elle, rappelant du même coup l’intérêt des Québécois pour les nouvelles saveurs. « Ce sont les meilleurs clients au monde ! Ils ont l’esprit ouvert. C’est stimulant pour un chef. »

Dans ses valises, Helena a apporté quelques essentiels, qu’elle compte bien faire découvrir aux invités du Champlain. Outre sa propre sauce piri-piri et sa sauce au safran, on découvre aussi les odeurs du paprika fumé, du cumin et des clous de girofle. « Nous avons fait la route des Indes ! » lance-t-elle, en parlant des explorateurs portugais et de leur legs dans la cuisine du pays. Elle a avec elle un petit pot de « moutarde baseball » portugaise dont la touche de piri-piri change tout. « C’est 99 cents le petit pot.Au Portugal, on n’est pas dans le marketing ! » dit-elle en riant. Il y aura aussi son huile d’olive, provenant de son village natal et qui sera mise en vente au Château. « J’invite les clients à faire un voyage au Portugal », glisse-t-elle, comme une évidence.

Après l’entrevue, elle-même s’apprêtait à faire un petit voyage jusqu’à l’île d’Orléans pour rendre visite aux sœurs Monna afin de faire le plein de produits de cassis. « On a le meilleur métier au monde. On vend du plaisir. C’est un métier qui n’a pas de plafond. On peut innover tous les jours, il y a toujours de nouveaux produits à découvrir et ça me passionne beaucoup. »

Réutiliser, récolter et recevoir chez Muffy

Nouveauté estivale dans le Vieux-Port de Québec ; l’Auberge Saint-Antoine présente Au jardin chez Muffy, un restaurant éphémère où la ligne directrice est la durabilité.

D’abord dans le décor, où l’on a recyclé tous les objets qui s’entassaient dans les remises de l’auberge. On pense entre autres aux miniserres intimes qui avaient fait le bonheur des invités sur la terrasse sur le toit, et qui ici, entourées de verdure et de guirlandes de lumières, donnent le ton au concept du jardin.

La durabilité dans l’assiette se traduit par la présence de produits locaux et biologiques, et par une prédisposition à prendre les circuits courts avec les producteurs. Chaque plat du menu met en vedette un aliment de saison récolté dans le jardin de l’auberge, situé à Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans. Le Devoir a eu l’occasion de voir de plus près le travail des chefs Alex Bouchard et Arthur Muller. Un duo inspiré qui ponctue les plats de révélations, avec, notamment, une variété de fraises blanches, des pétoncles cuits sous vide ou encore du cerfeuil frais — que l’on voit trop rarement. Les desserts de la cheffe pâtissière Justine Tavernier sont sublimes. De véritables oeuvres d’art qui sauraient même raviver l’envie pour la fameuse sortie café-dessert au restaurant.

Et même une fois le repas terminé, le concept de durabilité se poursuit, puisque l’auberge versera 1 $ par addition à l’organisme Nature Québec afin d’aider à sensibiliser et à mobiliser les citoyens quant à leur empreinte écologique au quotidien.

Ouvert tous les jours jusqu’au 6 septembre, Au jardin chez Muffy sert le repas de 12 h à 21 h.

 

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