Le Grand Potager, une serre qui fait de l’effet

Catherine Lefebvre
Collaboration spéciale
Le Grand Potager a pour mission de créer «un pôle d’échanges et de partage de savoirs en agriculture urbaine».
Photo: Fabrice Gaëtan Le Grand Potager a pour mission de créer «un pôle d’échanges et de partage de savoirs en agriculture urbaine».

Ce texte fait partie du cahier spécial Plaisirs

En sillonnant le bord du fleuve à Verdun, nombreux sont les passants qui ne remarquent pas les serres municipales. C’est vrai qu’on a souvent les yeux rivés sur l’eau, les cheveux au vent à vélo ou en faisant de la course à pied. Mais depuis cinq ans, on voit de petites merveilles dans ces serres, une œuvre citoyenne signée Grand Potager. Visite guidée.

Des fleurs d’abord

Comme plusieurs serres municipales, celles de Verdun servaient auparavant à produire des plantes pour les aménagements paysagers de la ville. À l’époque, « il y avait aussi la Société horticole de Verdun qui était très impliquée, raconte Laurence Fauteux, directrice générale de Grand Potager. Il y avait des gens qui faisaient pousser des bonsaïs, des cactus, des plantes grasses, tout ça, mais je ne crois pas qu’il y ait eu une vocation alimentaire à ce moment-là ».

Au fil des ans, les serres cessèrent d’être utilisées par le service d’horticulture de la Ville. « Je me souviens d’être venue ici il y a 15 ans. Je regardais par les fenêtres et je trouvais que ça ressemblait plus à un entrepôt qu’à une serre, ajoute Mme Fauteux. Pourtant, les gens qui font de l’agriculture urbaine dans le Grand Sud-Ouest savaient que cette infrastructure-là existait et ils ne comprenaient pas pourquoi ce n’était pas utilisé. » 

Et des légumes pour tous

 

Il y a cinq ans, des gens de la communauté ont donc retroussé leurs manches et ont proposé un projet collectif à l’arrondissement de Verdun. Ensemble, ils ont conçu Grand Potager, un organisme sans but lucratif ayant pour mission de créer « un pôle d’échanges et de partage de savoirs en agriculture urbaine, afin de faciliter l’émergence de projets novateurs et de favoriser la sécurité alimentaire des citoyens. » L’arrondissement a aussitôt manifesté son intérêt d’ouvrir cet espace collaboratif pour un projet pilote de cinq ans.

Photo: Fabrice Gaëtan L'organisme offre des endroits flexibles et abordables pour ceux qui souhaitent se lancer en affaires, notamment pour la production maraîchère.

Concrètement, Grand Potager est le gestionnaire des activités dans les serres municipales de Verdun. Ainsi, il facilite l’accès à des espaces de production agricole adaptés à la réalité urbaine. Il comprend notamment 20 000 pieds carrés d’espaces de production disponibles en location. Sur place, les membres peuvent partager les outils et leurs connaissances pour le bien commun. Tous les citoyens peuvent également s’approvisionner au centre de jardinage tenu par Semis urbains, l’un des membres de Grand Potager. De plus, ils possèdent un site extérieur pour faire des démonstrations de techniques innovantes d’agriculture urbaine, accueillir des marchés fermiers saisonniers, des camps de jour et des événements écoresponsables.

Jardiner ensemble

 

Parmi les réalisations des cinq premières années de Grand Potager, notons Hamidou horticulture. Hamidou Maïga a commencé sa production de légumes, principalement originaires de l’Afrique, dans les serres municipales de Verdun par l’entremise de Grand Potager. Quelques années plus tard, il a commencé à cultiver ses légumes sur une terre à Senneville et à L’Île-Bizard. En plus de sa boutique en ligne offrant des semences et des semis, il vend aussi ses légumes directement à la serre tous les jeudis et samedis de 11 h à 17 h.

Grand Potager possède aussi des ruches depuis trois ans et fait de l’aquaponie — la culture de végétaux et l’élevage de poissons dans un environnement partagé —, du compostage, et envisage d’accueillir des poules bientôt.

« Mais notre plus grande réalisation est sans doute d’avoir réussi à intéresser de plus en plus de citoyens, affirme Laurence Fauteux. Ce n’est jamais arrivé qu’on ne trouve pas de locataire pour nos espaces, et ce, pour tous les types de projets. »

Photo: Fabrice Gaëtan Sur place, les membres peuvent partager les outils et leurs connaissances sur l'agriculture urbaine.

Maintenant que le projet pilote de cinq ans tire à sa fin, Grand Potager doit se tourner vers l’avenir. « Pour les cinq prochaines années, on aimerait imaginer de manière concertée le réaménagement du site, conclut-elle. Par exemple, certains membres ont proposé d’avoir un local pour des cuisines collectives, du recyclage de déchets, donc pas nécessairement des projets d’agriculture urbaine, mais plutôt de sécurité alimentaire. »

En offrant des endroits flexibles et abordables pour ceux qui souhaitent se lancer en affaires, que ce soit pour de la production maraîchère ou de la transformation alimentaire, cela facilite grandement l’accès à ce secteur d’activité. Et lorsque la communauté a davantage accès à des aliments frais, correspondant à la culture de chacun et à proximité, cela aide indéniablement à freiner l’insécurité alimentaire.

Tout compte fait, Grand Potager souhaite maintenir sa ligne directrice principale, soit démocratiser l’agriculture urbaine sous toutes ses formes. Et qui sait, cela encouragera peut-être d’autres municipalités à revoir l’utilisation de leurs serres pour inclure la production alimentaire à leurs activités.


 

Grand Potager, 7000, boulevard LaSalle, dans l’arrondissement de Verdun à Montréal

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