Le bonheur est dans la réno

Ce texte fait partie du cahier spécial Habitation
Si la rénovation fait peur, c’est aussi une aventure extraordinaire. Pour que l’expérience ne tourne pas au cauchemar, le journaliste Jean-Benoît Nadeau, en collaboration avec l’architecte Paul Bernier, a compilé conseils et informations dans Le guide de la rénovation heureuse.
« La rénovation est une aventure, c’est toujours une grosse affaire, un voyage avec de drôles d’indigènes souvent », s’amuse Jean-Benoît Nadeau. Celui qui, en plus de son métier de journaliste, a effectué une dizaine de projets de rénovation chez lui, a rédigé ce livre pour « proposer une manière de gérer l’ensemble d’un projet ». Le guide de la rénovation heureuse (Éditions Trécarré) est unique en son genre. Ce n’est ni un manuel de bricolage ni un ouvrage sur la législation en construction, mais un guide expliquant les étapes d’un projet du plan aux décisions à prendre, en passant par les aspects légaux, le tout détaillé dans l’ordre chronologique.

Tout au long du livre sont dispersés des conseils de l’architecte Paul Bernier. « En étant architecte, et en faisant beaucoup de projets résidentiels, je m’apercevais que je faisais toujours les mêmes mises en garde et que les clients avaient toujours les mêmes étonnements, autant concernant les délais que le coût des choses », raconte-t-il. Il a eu l’idée de ce guide pour prévenir un certain nombre de déceptions et déconvenues liées aux projets de rénovation. « Avec le livre, les gens voient à l’avance le chemin qu’ils vont parcourir, cela permet de les préparer », ajoute l’architecte.
Prendre le temps
Selon les deux auteurs, la clé du succès réside dans une bonne planification. Un point particulièrement important, pourtant trop souvent négligé. « Un projet réussi suppose que l’on ait passé autant de temps à le préparer qu’à l’exécuter », peut-on lire dans le livre. « Plus de temps même ! » ajoute Jean-Benoît Nadeau. L’architecte insiste lui aussi sur ce point. « Le chantier lui-même ne représente qu’un quart du temps total », estime-t-il. De fait, plus des trois quarts du livre sont consacrés aux étapes préalables aux travaux en tant que tels. « La planification, ce n’est pas juste le plan, c’est toute une série de questions auxquelles il faut répondre soi-même », précise le journaliste.
Le guide permet aussi de découdre certaines idées reçues. « La rénovation, c’est probablement, avec la cuisine, le dernier domaine où nous vivons dans un contexte fait à la main », remarque Jean-Benoît Nadeau, ajoutant que les objets industrialisés, faciles d’accès et peu onéreux influencent l’échelle des valeurs et de temps. « L’artisanat ne fait plus partie de nos vies, renchérit Paul Bernier. On peut acheter une voiture pour 20 000 $ et ça semble disproportionné qu’une salle de bain coûte le même prix, mais c’est parce qu’une salle de bain est faite en un seul exemplaire, morceau par morceau, par des gens et non des robots. »
Par ailleurs, les auteurs constatent que beaucoup de clients ont une impression de facilité. En cause, l’abondance d’images de design, notamment sur des sites Web comme Pinterest et les émissions de téléréalité, qui montrent des rénovations faites — en apparence — en une seule fin de semaine. « Il y a une sorte de pensée magique qui existe partout dans la population et, en fait, soit on en est terrifié, soit on a des idées complètement irréalistes. Les gens ont peur de la rénovation, mais dès qu’ils décident d’en faire, ils tombent dans la pensée magique, peut-être par manque de compétences, peut-être par désir que ça aille le plus vite possible, puis ils sont surpris que ça prenne plus de temps et que ça coûte plus cher, surtout quand c’est mal planifié », lance M. Nadeau.
Avoir les bons outils
Le livre revient aussi sur une étape cruciale, celle du travail de réflexion. Les deux auteurs conseillent vivement de prendre le temps de définir quels sont les besoins avant même de tracer une ligne sur un papier. « Par exemple, si le besoin c’est de traverser la rivière, on peut le faire de toutes sortes de façons, en construisant un pont, un tunnel ou encore en utilisant un radeau, un transbordeur… Selon les besoins, la situation et le contexte, l’un est mieux que l’autre », explique Jean-Benoît Nadeau, qui s’est vu un jour remettre en question son projet de rénovation de cuisine et être conseillé de casser certains murs, pour avoir plus de lumière. « Si l’on est bien préparé, que l’on a bien fait nos devoirs, on peut même se rendre compte si le projet en vaut la peine ou pas », ajoute M. Bernier.
En outre, pour avoir les bons outils, il faut être bien conseillé. « Si l’on travaille avec un concepteur, il est important de voir les droits, valider le budget, s’assurer que les conditions de ma maison permettent les rénovations, avant de s’avancer trop loin dans le processus », explique Paul Bernier. Il faut aussi se demander quel rôle on va occuper, nous, dans le projet. « On a le droit de remplacer l’entrepreneur général et d’être auto-entrepreneur, mais comme ce n’est pas notre métier, l’argent que l’on est censé épargner là-dessus, on va le travailler, et comme on n’est pas expert, on va faire des erreurs au niveau de la coordination, de la surveillance ou de la capacité à mobiliser les ouvriers… » prévient M. Nadeau. Ici encore, les auteurs conseillent de prendre le temps de réfléchir aux besoins en matière d’embauche.
On retrouve aussi dans le livre toute une série de renseignements légaux. « Ces avis sont très difficiles à rassembler parce qu’ils relèvent d’informations de différents organismes, de la Régie du bâtiment, de la Commission de la construction ou encore de l’Office de la protection du consommateur, tout est éparpillé et nous avons été les premiers à rassembler ça dans un livre », explique Jean-Benoît Nadeau.
« Les gens se lancent dans des affaires sans y avoir trop pensé, par pulsion ou parce qu’ils pensent ne pas avoir le choix. Pourtant, s’ils avaient réfléchi et s’ils avaient été bien conseillés, ils auraient sûrement pris un autre chemin », conclut M. Nadeau, qui assure que ses premiers chantiers se seraient passés différemment s’il avait eu un tel livre entre les mains.
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.