Passer du gris au bleu-vert

Martine Letarte Collaboration spéciale
Chantal Rouleau, mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Chantal Rouleau, mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Ce texte fait partie du cahier spécial Habitation

Enfant, Chantal Rouleau avait l’habitude de partir de son Repentigny natal pour venir magasiner avec sa famille à Pointe-aux-Trembles, alors très prospère. Avec le déclin de l’activité industrielle et l’exode des gens vers les banlieues, elle a constaté comment le secteur avait dépéri lorsqu’elle est venue s’y installer en 2009. Devenue mairesse de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles en 2010, elle travaille à faire revivre l’arrondissement en misant sur un élément principal : la remise en valeur des berges afin de transformer le gris en bleu-vert.

« L’arrondissement est bordé par le fleuve Saint-Laurent et la rivière des Prairies, et c’est une richesse inestimable, affirme la mairesse. C’est une source de développement économique et social. Il fallait donner accès aux citoyens à ce fleuve et à cette rivière. »

C’est lorsque la mairesse travaillait comme directrice du Comité ZIP Jacques-Cartier, voué à la restauration et à la mise en valeur du fleuve, qu’elle s’est découvert une passion pour le fleuve. Elle s’est donné pour objectif de faire en sorte qu’on puisse s’y baigner. Il y avait beaucoup de travail à faire, et c’est d’ailleurs pour réaliser ce projet qu’elle s’est laissé convaincre de faire le saut en politique par Louise Harel. Résultat ? Les citoyens pourront commencer à se baigner cette année dans le fleuve.

« Il a fallu corriger certaines erreurs du passé pour pouvoir garantir la qualité de l’eau, puis les travaux pour aménager la plage de l’Est commenceront prochainement pour être achevés à la fin de l’été », affirme Chantal Rouleau, également membre du comité exécutif à la Ville de Montréal, responsable de l’eau et des infrastructures de l’eau.

Plusieurs projets en bordure du fleuve

 

La Ville de Montréal a acquis en 2011 l’ancien couvent des soeurs de la Congrégation de Notre-Dame pour créer la Maison du citoyen, afin d’y installer la mairie d’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et plusieurs services municipaux auparavant dispersés sur le territoire. Après avoir terminé les travaux de rénovation de l’immeuble patrimonial, la Ville aménage maintenant le terrain en bordure du fleuve pour que tous les citoyens puissent en profiter.

« On aura un magnifique belvédère, un legs du 375e anniversaire de Montréal, qui sera lié au parc linéaire en bordure du fleuve, qui est rattaché aussi à la place du Village », indique Chantal Rouleau, qui s’est fait connaître du grand public en osant dénoncer la corruption dans la construction au niveau municipal à l’émission de télévision Enquête, en 2011.

La place du Village, inaugurée en 2014, a revitalisé cette ancienne portion du boulevard Saint-Jean-Baptiste qui servait de stationnement à l’église.

« On y tient maintenant plusieurs activités culturelles : il y a un marché public, des jets d’eau illuminés de différentes couleurs. C’est un accès au fleuve et c’est vraiment devenu un lieu de rencontre pour les citoyens », se réjouit la mairesse.

Plusieurs initiatives commencent également à se déployer dans l’arrondissement pour faire vivre le fleuve.

Par exemple, Jeunes Marins urbains crée des activités de construction navale artisanale comme outil d’inclusion sociale et professionnelle. L’organisme utilise d’ailleurs comme matière première le bois des frênes abattus en raison des ravages de l’agrile.

Des croisières patrimoniales sont organisées pour faire découvrir les points d’intérêt du secteur de Pointe-aux-Trembles, deuxième village de l’île de Montréal pour ce qui est de l’âge.

De plus, des navettes relient Repentigny, Varennes et Pointe-aux-Trembles pour permettre aux amateurs de vélo de découvrir les pistes cyclables de ces endroits.

 

Et d’autres projets sont en cours d’élaboration.

« Je souhaite avoir une navette fluviale entre Pointe-aux-Trembles et le centre-ville afin que les citoyens puissent l’utiliser pour aller travailler », affirme la mairesse.

Accès à la propriété

De plus en plus de jeunes viennent s’installer dans l’arrondissement, qui compte 63 % de propriétaires comparativement à 39 % pour la moyenne montréalaise.

« Nous permettons d’accéder à la propriété parce que notre prix médian au pied carré est nettement inférieur à la moyenne de Montréal et que nous avons encore beaucoup de place pour de nouvelles constructions », indique Chantal Rouleau, qui a acquis une maison patrimoniale sur la rue Notre-Dame.

Plusieurs projets d’habitation sont en cours. « Plus de 6000 nouveaux logements seront créés dans les cinq prochaines années », précise la mairesse.

Un vent de fraîcheur dans les commerces

 

Les efforts investis dans la revitalisation de l’arrondissement et l’attrait des jeunes trouvent écho dans l’entrepreneuriat. L’arrondissement a d’ailleurs créé un poste de commissaire au développement économique pour aider les nouveaux entrepreneurs et ceux qui veulent croître.

« On voit plusieurs jeunes entrepreneurs arriver, se réjouit la mairesse. Comme ceux du Frigo des Dieux, une épicerie fine qui propose un grand choix de bières artisanales du Québec. Des jeunes ont aussi racheté la Boucherie des Trembles, et ils sont en train d’y faire quelque chose de fantastique. Il faut aussi découvrir Velocyclop sur le boulevard Gouin. L’arrondissement reprend vie grâce à de jeunes entrepreneurs. »

Espace Rivière

 

La mairesse souhaite renforcer les liens entre Pointe-aux-Trembles et Rivière-des-Prairies, deux quartiers séparés par l’autoroute 40.

« Nous commençons à revitaliser le boulevard Saint-Jean-Baptiste, qui relie le fleuve à la rivière, notamment grâce à la piste cyclable », indique la mairesse.

Du travail se fait également à Rivière-des-Prairies pour améliorer le milieu de vie et donner accès aux berges, notamment avec Espace Rivière. Le projet en développement comprend le réaménagement de la bibliothèque, la construction d’une nouvelle maison de la culture ainsi que l’aménagement d’espaces de loisirs et pour les groupes communautaires. Un sentier aménagé dans le boisé reliera ce site à la rivière.

« C’est plus long que je l’aurais souhaité, mais nous avons travaillé avec des universitaires pour être au fait des dernières tendances en aménagement et en design, explique Mme Rouleau. Nous voulons créer un espace de vie culturelle et communautaire où les gens de différents âges et de différentes cultures se sentiront vraiment bien. »

On prévoit que le projet sera terminé en 2021.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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