La diversité tissée serrée

Ce texte fait partie du cahier spécial Habitation - Septembre 2016
À 13 ans, Alan DeSousa a quitté les montagnes de son Pakistan natal pour un quartier modeste de l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. Son père y avait déniché un emploi et s’y était installé faute d’avoir une voiture. Quarante-trois ans plus tard, Alan DeSousa, élu municipal depuis 1990, y est toujours installé, avec sa famille. Pourquoi ? D’abord pour l’esprit de communauté de ce quartier très diversifié et tissé serré.
Dans la maison voisine de celle de la famille d’Alan DeSousa, il y a une famille chinoise. Ensuite, c’est une famille d’origine québécoise, puis libanaise. Ses voisins d’en face sont d’origine égyptienne, puis à côté il y a des Polonais, des Indiens, une autre famille chinoise, puis des Turcs et une famille originaire du Sri Lanka.
« C’est la vraie diversité ! » affirme-t-il, tout sourire, dans son bureau de la mairie d’arrondissement. « Plusieurs pensent que la diversité, c’est la chicane, ajoute-t-il. Mais à Saint-Laurent, c’est le respect et le vivre ensemble. Les gens ont vécu leur lot de problèmes dans leur pays d’origine et ils savent qu’ils ont intérêt à vivre en harmonie. »
Parmi les quelque 100 000 habitants de l’arrondissement, 60 % sont nés à l’extérieur du Canada. On y trouve 166 communautés culturelles.
« Ça a commencé avec lesboat people dans les années 70, puis ça a continué avec d’autres vagues d’immigration. On n’a même pas besoin de suivre les actualités internationales dans l’arrondissement : on sait où il se passe des catastrophes naturelles, des guerres, ou des tensions politiques en regardant quelles communautés viennent s’établir ici. »
Alan DeSousa, diplômé de McGill en finance et comptabilité, a développé un véritable sentiment d’appartenance envers son quartier. « Ce sont mes racines ! Je voulais aussi pouvoir me promener dans le quartier et montrer à mes enfants où je suis allé à l’école secondaire, au cégep, etc. C’est important d’avoir des points de repère dans la vie. Puis, les résidants ont un sentiment communautaire très fort. Ils souhaitent réussir et donner à leurs enfants l’occasion de réussir. »
Le maire a acheté sa maison après s’être marié en 1988 et il y a élevé ses deux fils, en voie maintenant de quitter le nid familial.
Population en croissance
La communauté laurentienne a connu une croissance démographique particulièrement forte ces dernières années. « La population a crû de 27 000 personnes, soit plus de 30 % depuis 2001: c’est la plus grande croissance résidentielle sur l’île de Montréal, affirme M. DeSousa. C’est venu changer énormément de choses. De nouveaux quartiers résidentiels se sont développés, comme Nouveau Saint-Laurent et Bois-Franc. »
Pour répondre aux besoins de ses nouveaux résidants, l’arrondissement a inauguré en 2013 la bibliothèque du Boisé, adjacente au parc Marcel-Laurin. Elle a d’ailleurs remporté le Grand Prix d’excellence en architecture de l’Ordre des architectes du Québec.
Puis, tout près, le Complexe sportif de Saint-Laurent est actuellement en construction.
« L’ouverture devrait se faire cette année, affirme le maire. Il y aura entre autres un terrain de soccer intérieur, une piscine de 25 mètres, une palestre pour la gymnastique et une salle d’entraînement. »
Le territoire de l’arrondissement reste cependant occupé à 70 % par des entreprises. Elles sont près de 5000.
« C’est le plus gros secteur manufacturier au Québec en matière d’emplois, souligne le maire. On a des noms connus, comme Bombardier, CAE et Pfizer, mais 90 % des entreprises sont des PME de 50 employés et moins. »
Alan DeSousa a pour sa part commencé à travailler dès son arrivée au Canada.
« Ma famille était pauvre, alors si je voulais faire des activités avec mes amis, comme du ski, je devais travailler ! »
Il a été embauché à l’épicerie du centre commercial Norgate.
« Lorsque je me suis présenté pour la première fois aux élections en 1982 et que je serrais les mains des gens, je savais où ils habitaient et quelle bière ils buvaient parce que je m’occupais des livraisons de l’épicerie ! Finalement, j’ai perdu par trois voix. Ça m’a permis de savoir à quel point chaque vote est important. »
Secteurs à visiter
Maire de l’arrondissement depuis 2001, Alan DeSousa ressent un attachement profond pour le Vieux-Saint-Laurent.
« C’est le coeur de l’arrondissement, avec les cégeps Vanier, Saint-Laurent et la salle Émile-Legault. Il a été un vrai berceau de la culture avec les Compagnons de Saint-Laurent, dont ont fait partie entre autres Jean Duceppe et Denise Pelletier. Puis, il y a l’église et le Musée des maîtres artisans du Québec. Autour, dans le temps, c’était des champs agricoles. »
Cette portion de l’arrondissement comprend plusieurs maisons historiques, arbres matures et rues verdoyantes.
« On y découvre le patrimoine historique et religieux, précise le maire. La Congrégation de Sainte-Croix, dont faisait partie le frère André, a beaucoup contribué à l’essor de Saint-Laurent. C’est aussi un quartier très vivant avec tous les étudiants. »
Puis, le boulevard Décarie a été réaménagé il y a 10 ans dans l’arrondissement de Saint-Laurent.
« On a élargi les trottoirs, on a mis une bande de verdure au centre de la rue et planté des arbres. C’est maintenant agréable de se promener et d’aller manger dans les restaurants du coin. »
Le prochain projet : réaliser une place publique près de l’intersection des boulevards Décarie et Édouard-Laurin.
« On a consulté les citoyens, le concept est choisi et on lancera les appels d’offres bientôt, indique M. DeSousa. Nous voulons rendre le quartier encore plus attrayant en prévision du 375e anniversaire de Montréal. »
« On n’a même pas besoin de suivre les actualités internationales dans l’arrondissement : on sait où il se passe des catastrophes naturelles, des guerres, ou des tensions politiques en regardant quelles communautés viennent s’établir ici. »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.