Les irrésistibles gourmands de 2020

Il y a de ces histoires qui inspirent, qui nourrissent l’enthousiasme. Il y a de ces histoires qui nous font voir 2020 avec une vitalité bienvenue. Voici des portraits de fabricants de bonheur pour qui l’année qui s’achève est loin d’avoir été négative. Premier texte de deux.
D’amour et de chocolat
Allo Simonne, c’est l’histoire d’amour entre Quentin Ryckaert et Vincent Coja, leur affection pour Montréal et un immense coup de cœur des mordus de chocolat pour leurs tartinades créées il y a trois ans à peine…
« On s’est marié le 13 mai 2017. Le 13 juin, je venais rejoindre Quentin à Montréal et on lançait Allo Simonne », raconte Vincent Coja. En septembre de la même année, « on remportait trois prix aux International Chocolate Awards, à Toronto ». Trois premiers d’une belle série. La recette de la réussite, il n’hésite pas à l’attribuer à l’utilisation de produits locaux et à leurs collaborateurs. « Un privilège », souligne-t-il.
Parmi les alliés, Stéphanie Labelle de chez Rhubarbe, où Quentin, chocolatier et pâtissier de formation, a travaillé. « Elle a été un tremplin dans notre entreprise. On a eu accès à ses locaux pendant un an et demi pour pouvoir développer nos tartinades avant de déménager dans nos propres locaux en mars 2019. » Rencontre tout aussi déterminante, celle de Daniel Haran de Chocolat Monarque, un mentor et leur fournisseur en chocolat bean-to-bar (de la fève à la tablette). C’est lui qui les a incités à participer à la compétition à Toronto afin d’avoir un avis extérieur. « Les amis nous disent toujours que c’est bon ! Daniel a vraiment tout compris. »
Le 12 mars dernier, le couple passait devant les dragons, gagnant un appui senti et concret. Le lendemain, tout basculait avec la pandémie. En voyant les magasins fermer l’un après l’autre, ils ont mis leurs énergies sur le Web. L’engouement ne s’est pas fait attendre et les ventes sont passées de 4000 $ à 20 000 $ par mois. «Les gens avaient besoin de réconfort », estime M. Coja. Et l’amour du public s’est propagé à la grandeur de la province. « Quand les clients disent : “Oh my god, ça n’a pas de bon sens [comment c’est bon]”… Juste à l’entendre, ça me donne des frissons. »
Si, pour Quentin Ryckaert et Vincent Coja, « 2020 a été une très, très belle année », ils prendront le temps de savourer pleinement leur succès plus tard. Déjà, la distribution de leurs pots de chocolat à la grandeur du Québec les tient bien occupés. Ils ont quand même trouvé le temps de créer, avec État de choc, une tablette de chocolat pour le marché Souk Montréal. « La famille est derrière, et elle est fière », lance Vincent Coja.
Petit deviendra grand
« Moi, que mes trois garçons aiment manger ces gaufres-là, c’est ma plus grande réussite. » Les mots sont d’Arnaud Marchand, chef copropriétaire de Chez Boulay – Bistro Boréal, Comptoir Chez Boulay et des Botanistes, mais aussi un grand défenseur du « légume moche ».
Son idée : faire des gaufres à base de légumes de deuxième catégorie pour éviter le gaspillage alimentaire — et nous en faire manger le plus possible. Petit snoreau, va ! Après des années à mijoter, le projet n’avait jamais pris forme, faute de temps. Les astres se sont enfin alignés il y a trois ans, après une rencontre avec deux étudiantes de l’Université Laval en sciences et technologie des aliments, dont Alexane Thiffeault, qui avaient déjà créé une gaufre aux légumes pour un projet d’étude. Pierre Gagnon, bras droit d’Arnaud chez Boulay, complète le trio derrière ce qui est devenu les Snorôs.
« [Mes] premières gaufres étaient salées. Il y avait de la betterave, du gingembre. Là, on a pris nos atouts et on est repartis de zéro. » La courgette, la patate douce et la carotte ont pris une place de choix, tout comme la graine de lin et la farine complète du Québec.
« La volonté que j’ai, c’est la transparence alimentaire. Nos gaufres, elles sont faites à base de vraies choses. Et puis, il y a le bon manger et le [côté] gourmand aussi. L’aspect nutritif est important, mais manger, c’est un plaisir avant tout. » Petit à petit, en suivant ces lignes directrices, les comparses ont mitonné leurs gaufres pendant près de deux ans au Mycélium du Grand Marché de Québec, un espace consacré aux entreprises agroalimentaires et à la commercialisation de produits. « On voulait lancer ça comme une start-up. On ne voulait pas voir grand dans le démarrage », explique Arnaud Marchand, qui aura finalement accouché de son idée en septembre.
Des quatre épiceries choisies pour le lancement, sept se sont ajoutées, en plus des boîtes Cook-it. Avec Sobey’s à l’ordre du jour et une gaufre au chocolat dans les boîtes, 2020 se termine avec une « reconnaissance extraordinaire », s’exclame le chef entrepreneur, surtout fier d’avoir cultivé cette idée apparue il y a huit ans et de la servir à ses garçons au petit matin.