Marché public ou fermier?

Les étals des marchés publics et fermiers sont enfin garnis de plus en plus de produits locaux. C’est l’occasion de rencontrer les gens qui nous nourrissent et de les remercier de tout ce qu’ils cultivent pour nous. Entre les deux, quelle est la différence ?
Selon l’Association des marchés publics du Québec (AMPQ), un marché public est « une extension des activités de production et de transformation à la ferme, reconnue comme un service à la communauté qui regroupe un nombre considérable (66 %) de producteurs, transformateurs et artisans de l’agroalimentaire. Il doit y avoir un lien officiel avec la municipalité et un contact direct entre le producteur et le consommateur. »
Mais qu’en est-il des bananes, des avocats et des agrumes qui ne viennent évidemment pas d’ici, mais qui sont offerts à l’année ? Il est évidemment impossible de rencontrer ces producteurs-là au marché. « La vente de produits exotiques dans les marchés publics est particulièrement présente dans les grands marchés urbains ou périurbains pour plusieurs raisons, explique Jean-Nick Trudel, directeur général de l’AMPQ. Par exemple, pour des raisons de compétitivité et d’attractivité, les produits de consommation courante, comme les produits exotiques, se retrouvent sur les étals des marchands au grand bonheur des consommateurs. »
Paradoxalement, nous sommes nombreux à prendre plaisir à rencontrer les producteurs locaux. Cependant, encore plusieurs d’entre nous ne peuvent pas se passer de fruits et légumes d’ailleurs chaque semaine. Mais les temps changent. Ne serait-ce qu’en tenant compte de l’engouement pour les événements liés à l’alimentation locale, comme la Semaine québécoise des marchés publics, qui tiendra sa 10e édition du 10 au 19 août.
« La question de la traçabilité gagne en importance aux yeux des consommateurs, ajoute Jean-Nick Trudel. Elle est donc centrale dans la commercialisation de produits agroalimentaires en circuit court. Et nous remarquons que les producteurs, les transformateurs et les artisans de l’agroalimentaire qui n’offrent que leurs produits sont souvent les chouchous des amateurs de bonne cuisine du terroir. » De là l’intérêt grandissant pour des marchés dits fermiers, n’offrant que des produits locaux provenant d’une agriculture à petite échelle, excluant aussi souvent plusieurs intermédiaires.
Local et durable
En fait, il n’existe pas de réelle définition de ce qu’est un marché fermier. En France toutefois, un fromage dit fermier, par exemple, doit être fait du lait de la ferme et transformé sur place. La localité est donc primordiale dans la dénomination. En ce sens, un marché fermier met davantage l’accent sur les produits uniquement d’ici. Il y en a de plus en plus partout au Québec et il ne cesse de gagner en popularité chaque année. C’est le cas du marché des Éclusiers, jadis une terrasse branchée du Vieux-Port de Montréal où aller prendre l’apéro en complet et cravate. Il célèbre la troisième saison de son marché fermier cette année. Il est d’ailleurs fascinant de voir comment cet intérêt grandissant pour l’alimentation locale et durable s’installe dans un endroit qui n’avait pas du tout la même vocation, il n’y a pas si longtemps de cela.

Or, l’implantation d’un marché fermier au marché des Éclusiers est en plein dans l’air du temps. La vision est donc de miser seulement sur les producteurs locaux pleinement représentatifs de la culture agricole du Québec. « Nous sommes vraiment enthousiastes de voir tous les produits locaux que nous présenterons cette année à travers le marché fermier, s’exclame Devin DeSousa, fondateur du marché des Éclusiers. Nous avons travaillé fort pour permettre aux habitués et aux visiteurs de se rapprocher de leur nourriture en échangeant directement avec les personnes qui la produisent. » Afin de rendre hommage au patrimoine culinaire québécois, le marché des Éclusiers veut aussi bâtir une communauté d’affaires et d’alimentation locale dynamique, vouée à la promotion de notre héritage alimentaire riche et savoureux. Ainsi, deux fois par semaine, ils proposent un marché fermier réunissant une communauté d’agriculteurs, d’artisans, d’entrepreneurs et de citoyens, qui crée des liens directs du champ à l’assiette, soit tous les jeudis de 14 h à 19 h et les samedis de 9 h à 14 h.
« Nous sommes tous fiers de notre agriculture locale, des talents locaux et de la vibrante vie culturelle montréalaise, ajoute-t-il. Nous avons trouvé un moyen de regrouper tout cela dans un endroit central où les résidents et les touristes peuvent profiter de toutes nos activités pendant les meilleurs mois de l’été. » Ce faisant, le marché des Éclusiers accueillera des événements et des ateliers qui mettent en avant des producteurs, des chefs et des projets éducatifs qui font la promotion du mouvement de la fourche à la fourchette.
Dans le quartier Plateau-Mont-Royal, les propriétaires du restaurant Icehouse, Nathalie Doucet et Nick Hodges, se sont installés à Sutton il y a près de trois ans pour cultiver leurs propres légumes à la ferme Sugaree. Depuis la semaine dernière, il est possible de faire son marché fermier après le brunch du samedi, de 10 h à 14 h. Icehouse, 51, rue Roy Est.
Au-delà des marchés, pourquoi ne pas nous rendre directement chez le producteur ? Quel bonheur de prendre la route des vacances et d’aller rencontrer les artisans qui conçoivent nos délices préférés ! C’est d’ailleurs l’angle du livre Prenez le champ de la nutritionniste Julie Aubé, dans lequel elle suggère 21 escapades gourmandes au Québec. Elle organise aussi des événements gourmands dans les champs québécois. Les prochaines dates sont le 5 août à l’Écoferme Paprika en collaboration avec le Bistro Rosie, le 26 août auPotager Mont-Rouge et le 3 septembre à la Cidrerie Le Somnambule.