Récoltes urbaines

Tim Murphy, directeur de l’agriculture urbaine au Santropol roulant, se réjouit de la tenue du nouvel événement à Montréal, qui permettra de rassembler les producteurs urbains et périurbains. L’organisme communautaire a développé plusieurs jardins, notamment dans l’enceinte de l’Université McGill (notre photo).
Photo: François Pesant - Le Devoir Tim Murphy, directeur de l’agriculture urbaine au Santropol roulant, se réjouit de la tenue du nouvel événement à Montréal, qui permettra de rassembler les producteurs urbains et périurbains. L’organisme communautaire a développé plusieurs jardins, notamment dans l’enceinte de l’Université McGill (notre photo).

Premier événement du genre organisé à Montréal, les Récoltes urbaines prennent la forme d’un marché de nuit. Au programme : produits locaux, bouchées gourmandes et musique électro.

Déguster de petits plats préparés par des chefs, assister à la performance musicale de DJ et visionner des vidéoprojections tout en achetant ses légumes ?


Ce soir, faire son marché prend un autre sens et devient une activité des plus urbaines. Après San Francisco, Philadelphie, Toronto, Vancouver et d’autres grandes villes de la planète, Montréal va avoir son night market, le Marché de la brunante.


Cet événement, qui se tient à la Société des arts technologiques (SAT), est la première édition des Récoltes urbaines, un rassemblement mis sur pied par la Conférence régionale des élus (CRE) pour valoriser l’agriculture locale et une saine alimentation.


« Nous voulions changer la version classique des marchés de jour, explique Josée Belleau, agente de développement à la CRE. Il fallait aussi être convivial et rassembleur tout en faisant la promotion des produits cultivés à Montréal et de leurs producteurs. »


En s’inspirant d’autres villes nord-américaines, les organisateurs ont donc opté pour un marché nocturne. « L’idée est d’instaurer un rendez-vous annuel qui pourra changer de forme. Nous aimons le concept de night market, mais c’est certain que nous n’atteindrons pas la taille de ceux de Philadelphie ou de Vancouver », consent la coordinatrice du projet Récoltes urbaines, qui s’est beaucoup documentée sur le marché de Philadelphie.


Ce dernier, fondé en octobre 2010, se tient plusieurs fois par année dans différents quartiers de la ville. Prenant plus la forme d’une foire alimentaire, il rassemble des producteurs, des chefs, des artistes et des milliers de visiteurs venus se sustenter de mets et de produits locaux.


Ailleurs, ces marchés de nuit prennent d’autres formes, comme le mentionne Dominique Dupuis, fondatrice de l’école culinaire l’Armoire du haut, qui sera présente comme chef au Marché de la brunante : « Chaque ville propose sa version. Vancouver est très asiatique, avec de nombreux petits kiosques de plats à emporter, alors qu’à Marrakech, on s’installe à une table et on mange une bonne partie de la nuit, c’est très festif. »


Selon elle, la version montréalaise sera plus éducative en se centrant sur l’agriculture urbaine. « C’est une bonne chose pour une première édition. Cela permettra de faire le lien entre le fermier et l’assiette. Beaucoup de gens ignorent comment cuisiner la rabiole ou le rutabaga, alors que ces légumes poussent très bien ici », note-t-elle.


Pour la soirée, elle sera, comme les autres chefs présents, jumelée à une ferme participante et préparera des bouchées à déguster gratuitement. À son menu : spirales de daikon, rouleaux de poivrons rôtis et betteraves rouges accompagnées de tartinade d’ail confit et de menthe.

 

Agriculture très locale


Hormis la dégustation de plats, le marché sera aussi l’occasion de découvrir des producteurs locaux, même très locaux, car tous les participants proviennent de l’île de Montréal. « On oublie qu’il existe encore des zones agricoles sur l’île de Montréal », rappelle Josée Belleau, faisant référence à l’ouest de l’île où plusieurs fermes sont actives, comme celles du Zéphyr ou des Jardins Carya.


Seront également présentés les acteurs de nouveaux projets d’agriculture urbaine, dont les fermes Lufa, avec leurs serres sur les toits, et le Santropol roulant.


Cet organisme communautaire a fait de l’agriculture urbaine un de ses mandats et a développé plusieurs jardins, dont un sur le toit de sa bâtisse dans la rue Roy, un autre dans l’enceinte de l’Université McGill et, depuis l’été dernier, encore un autre à Senneville.


Tim Murphy, directeur de l’agriculture urbaine au Santropol roulant, se réjouit déjà de cette soirée qui permettra de rassembler les producteurs urbains et périurbains. « Nous sommes une communauté restreinte et cela nous donnera l’occasion de passer une soirée dans un cadre festif, tout en mettant en avant l’éventail de projets existants, car il y a bien plus que les jardins communautaires pour nourrir la ville », dit-il.


Pour le côté festif et culturel, la SAT se charge de la programmation avec la performance des DJ Panton et Christopher Mac, une installation interactive, Tunnel sous l’Atlantique, de l’artiste Maurice Benayoun, et, à 21h, la projection dans la Stratosphère de The Search Engine de DJ Food.


Fière de participer à l’événement, Monique Savoie, présidente fondatrice et directrice artistique de la SAT, estime que le Marché de la brunante s’inscrit dans une tendance nouvelle de vivre la ville. « On apprécie la ville autrement et la qualité de vie ne se recherche plus automatiquement en banlieue, assure-t-elle. L’agriculture urbaine devient une nouvelle façon de vivre en société et répond aux préoccupations des jeunes urbains qui veulent une alimentation accessible et de qualité. Déplacer la nuit une activité diurne comme faire son marché et lui donner un air festif colle à cette vision. J’aime l’ idée. »

 

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