Ce ne sont pas les enseignants, le problème, c’est le système!

Fenêtre ouverte sur une charmante petite école de quartier, sur Le Plateau-Mont-Royal. Chaque année, au mois de mai, nous rendons hommage aux talents des élèves. Une exposition artistique est mise sur pied pendant une semaine. Un nombre d’heures incalculables investies par les enseignants, les éducateurs, la super concierge, la directrice, les parents, pour faire de notre soirée vernissage une réussite.
C’est l’événement rassembleur pour célébrer les projets réalisés en classe tout au long de l’année scolaire. L’enseignante en arts plastiques a exploité l’artiste Riopelle dans ses cours. Aussi, de la maternelle à la 6e année, les enfants ont découvert entre autres l’art autochtone de Norval Morrisseau, la poésie de Marie-Andrée Arsenault, l’album jeunesse de Fred Pellerin, l’artiste en art visuel Anouk Looten, l’artiste Sonia Haberstich.
Encore une fois, notre événement Tapis rouge a été une grande réussite. Les élèves avaient les yeux brillants de fierté devant leurs parents et leurs camarades de voir leurs réalisations mises à l’honneur. Une grande fête qui se prend bien, en fin d’année. Tout le personnel de l’école avait besoin de félicitations et de remerciements des parents pour tout le temps investi dans les projets. Une pause dans notre quotidien qui devient de plus en plus lourd.
Mal à ma profession
Ces jours-ci, j’ai mal à ma profession. Encore. L’image des enseignants est salie, ternie. On est surveillés, jugés, pointés du doigt comme si on faisait mal notre travail.
Est-ce que l’idée de créer un Institut national d’excellence serait pour se donner l’impression de faire quelque chose pour intervenir auprès des enseignants qui pètent les plombs en classe, qui manquent de respect envers leurs élèves, qui ont des inconduites sexuelles ? Un remaniement ministériel de grande envergure pour atteindre un nombre minime d’enseignants ?
Le grand problème en éducation n’est pas là. Davantage de formations imposées pour les enseignants afin d’améliorer la qualité du français et l’enseignement dans nos écoles ? Ça non plus. Aucune idée de la réalité dans les écoles ; des formations, on peut en avoir chaque année, on essaie de pouvoir y participer, mais le manque de suppléants nous empêche d’y aller.
Alors, qu’est-ce qui pourrait bien faire en sorte que les nouveaux enseignants désirent poursuivre leur carrière dans les écoles, que le nombre d’enseignants en congé de maladie cesse d’augmenter ? Certainement pas l’impression qu’on veut nous surveiller, nous évaluer. Ce ne sont pas les enseignants, le problème, c’est le système mis en place. Des groupes avec trop d’enfants, des élèves en difficulté intégrés dans les classes sans le soutien nécessaire, des postes de professionnels non comblés dans nos écoles, des banques de suppléants vides, des refus de travailler quatre jours par semaine par choix personnel ou pour une préretraite.
L’augmentation salariale demandée dans la négociation est une solution au manque criant de personnel qualifié dans nos écoles. Accéder à la profession d’enseignant n’est pas très alléchant côté salaire pour les nouveaux. On ne fait qu’entendre combien c’est difficile, exigeant, fatiguant d’être prof. Et c’est vrai.
En attendant une grève des enseignants pour faire valoir notre point de vue, je vais tenter de survivre au sprint final de la fin de l’année. Les derniers miles avant les vacances, incluant quelques semaines de convalescence bien méritées. J’ai hâte de prendre le large (petit clin d’oeil ici à notre thématique à l’école cette année). En arrivant en mai, la fébrilité s’installe, les projets en tête pour un été prometteur. Reprendre le dessus, retrouver mon énergie, mon calme, ma bonne humeur, ma réelle personnalité parfois camouflée en arrivant à la maison le soir.