La maison François-Xavier-Garneau, à préserver et à mettre en valeur

En mettant en vente la maison François-Xavier-Garneau, l’homme d’affaires Louis Garneau amène dans l’espace public le sort de l’un des plus beaux intérieurs de demeures anciennes du Québec. Si l’endroit n’est pas en lui-même menacé puisque l’extérieur et l’intérieur de l’immeuble ainsi que le terrain sont protégés, c’est la conservation de son mobilier et l’accès du public aux lieux qui sont aujourd’hui en jeu.
Comme en témoignent les photos de l’endroit, la maison a subi très peu de transformations. Ses propriétaires successifs ont pris grand soin de conserver les pièces de mobilier dont ils avaient hérité lorsqu’ils ont pris possession des lieux et d’en recréer le décor pour que la maison reflète l’époque de François-Xavier Garneau et fasse un clin d’œil au cardinal Maurice Roy, qui est né entre ses murs. Un tel décor, qui met en avant avec autant de soin le mode de vie de la bourgeoisie de Québec au milieu du XIXe siècle, est à notre connaissance unique dans la région de la Capitale-Nationale. La ville compte certes la maison Henry-Stuart, mais celle-ci reflète le quotidien de la bourgeoisie au XXe siècle. Ce qui est en jeu aujourd’hui, c’est l’avenir des meubles, des quelque 3000 livres et des collections de journaux qu’on y trouve, ainsi que du bahut qui aurait appartenu à l’historien. Le démantèlement de cet intérieur préservé et reconstitué avec tant de soin constituerait une lourde perte pour Québec.
Si l’accès aux lieux s’était raréfié depuis quelques années, ceux-ci n’en demeuraient pas moins accessibles à certains. Nous appelons donc non seulement les autorités à s’investir pour que la maison soit conservée, mais aussi pour qu’elle soit mise en valeur et davantage accessible au grand public. Si le Vieux-Québec ne manque pas de musées, il dispose de peu d’endroits qui permettent de voyager dans une autre époque, le temps d’une visite. L’immeuble est à notre connaissance en bon état et il existe à Québec plusieurs organismes prêts à en prendre la gestion pour peu qu’on leur donne les moyens de le faire. Le gouvernement du Québec et la Ville de Québec doivent poursuivre l’œuvre entamée par François-Xavier Garneau au milieu du XIXe siècle en s’assurant que cette maison continue à donner le goût de l’histoire aux Québécois. Nous les invitons donc à faire l’acquisition des lieux et à en faire un musée, ou à s’assurer que celui qui achètera l’endroit en conserve l’intérieur et en donne l’accès au plus grand nombre. Le gouvernement du Québec et la Ville de Québec doivent bien cela pour la préservation de la mémoire du premier historien national des Canadiens français et du second greffier de la ville (1844-1864), celui qui a le plus contribué à sa stabilité lors de l’établissement d’une fonction municipale permanente.
* Cette lettre est appuyée par 140 acteurs du milieu de l’histoire et du patrimoine, dont Éric Bédard, Patrice Groulx, Francine Lelièvre, Myriam Wojcik et Martin Pâquet.