Il faut sauver la presse locale à Montréal!

J’aimerais attirer ici l’attention de tous les élus de Montréal, qu’ils soient du fédéral, du provincial ou du municipal, sur le danger qui guette actuellement la survie de l’information locale sur l’île. En effet, la fin de la distribution porte-à-porte des journaux hebdomadaires locaux par le biais du Publisac en mai 2023 pourrait aussi marquer la disparition pure et simple de cette presse de proximité.
Dans le monde médiatique dans lequel nous évoluons actuellement, ce serait faire taire une voix essentielle à la démocratie municipale comme à la mise en valeur d’initiatives locales, de vie communautaire, de commerces de quartier. La presse locale est généralement le miroir de la vitalité des collectivités, et sa perte équivaudrait à ne plus donner d’espace et de visibilité à beaucoup d’événements qui ne seraient jamais traités dans la presse à gros tirage.
Dans le contexte actuel de transformation médiatique, la domination des plateformes de médias sociaux dans le référencement de l’information, la perte d’une expertise journalistique professionnelle dans le paysage municipal serait irréparable et irréversible.
Le groupe Métro Média a été fort proactif à l’annonce de la fin du Publisac pour se repositionner et assurer notamment un redéploiement numérique qui garantirait le maintien de ses activités. Malheureusement, le calendrier de mise en œuvre de la politique concernant Publisac ne lui a pas permis d’aller au bout de l’exercice qui devait assurer sa continuité. Actuellement, Métro Média doit maintenir deux infrastructures, celle du papier et celle du numérique. En matière de dépenses, c’est une pression importante, étant donné que les revenus ont chuté de près de 50 % avec l’annonce de l’abandon de la distribution porte à porte.
Un groupe de réflexion chapeauté par la Ville de Montréal a même été créé l’année dernière, mais aucune des solutions dégagées n’a été retenue. Était-ce un exercice de parade ?
Appels à la collaboration
De nombreux appels à la collaboration et à la réflexion ont été lancés à la Ville de Montréal et aux arrondissements afin de trouver des solutions créatives et pérennes pour garantir la survie des hebdos afin de parachever le processus de passage en mode entièrement en ligne. Notamment, la préservation des investissements en publications et en promotion des arrondissements et de la ville centre dans la presse locale. Cela permettrait une prévisibilité et une récurrence qui assurerait le maintien des activités.
Malheureusement, force est de constater que la réponse est plutôt tiède, pour ne pas dire indifférente. Et, dans certains cas, on préfère s’en remettre aux géants du Web plutôt qu’à l’entreprise locale pour atteindre le public. Ce qui nous semble un peu alarmant compte tenu de la récente actualité concernant de multiples plateformes, mais surtout interpellant quant à la posture que cela suppose face à l’entrepreneuriat montréalais.
Nous sommes aussi préoccupés au premier chef par la perte d’emplois que générerait la cessation des activités du groupe Métro Média. La salle de presse comporte actuellement plus d’une quarantaine de journalistes, qui couvrent le grand territoire de Montréal. C’est une cohorte importante. Cette salle de presse est reconnue pour son dynamisme, mais aussi à titre de pépinière de haute qualité pour les jeunes professionnels de l’information.
Nous ne pouvons rester indifférents face à la menace que représente l’apathie actuelle de la Ville dans la recherche de solutions concrètes. C’est pourquoi nous lançons cet appel à la collaboration, car nous souhaitons travailler de concert pour assurer la survie de la presse locale à Montréal et le maintien d’emplois professionnels dans le domaine de l’information. Nous sommes ouverts à toutes discussions pouvant mener à des solutions porteuses. Sauvons la presse locale !