PDF Québec, ou les femmes d’abord!

Dans sa chronique du 7 avril dernier sur les drag queens et leur place dans l’espace public, Aurélie Lanctôt s’inquiète de la montée de l’extrême droite. Au détour de son argumentaire, elle convoque le groupe féministe Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec). C’est pour le moins surprenant.
PDF Québec a été fondée en 2013 par des militantes féministes québécoises. Lors de la soirée de fondation, une jeune féministe a déclaré : « Nous voulons l’égalité entre les femmes et les hommes ; le respect de la dignité des femmes ; la solidarité avec toutes les femmes d’ici et d’ailleurs ; une plus grande justice sociale et la laïcité de l’État québécois ! » Et Michèle Sirois, la première présidente de l’organisme, d’ajouter : « PDF Québec veut rassembler toutes les femmes, au-delà de leurs différences et de la diversité de leurs besoins, avec pour objectif primordial la remise en question du système patriarcal. »
Il me semble que Mme Lanctôt devrait être d’accord avec ces propos, elle qui dénonce régulièrement le patriarcat et qui demande plus de justice sociale dans ses chroniques.
Voyons maintenant son analyse. Mme Lanctôt affirme dans sa chronique que PDF Québec « pousse dans l’espace public un discours visant à délégitimer l’existence des personnes trans ». Cela est absurde. PDF Québec a été fondé en partie par des personnes trans ; il est ridicule de penser que l’organisme nierait leur existence. Et même si ce n’est pas son combat, PDF Québec s’oppose aux discriminations dont pourraient souffrir les personnes trans.
En revanche, PDF Québec refuse de se fermer les yeux sur les réels points de conflit entre les droits des femmes et les demandes de certains militants trans, et pose la question des conséquences pour les femmes s’il y a disparition de leurs droits basés sur le sexe. Ceux-ci font partie des droits protégés par les Chartes canadienne et québécoise.
Face à la violence des hommes et au système patriarcal en place, ces protections ont été arrachées de haute lutte par les féministes des générations précédentes. Remplacer dans les lois du pays la notion de sexe par celle du genre a de lourdes conséquences sur les femmes. Cela est un sujet de nature juridique qui devrait être traité avec rigueur.
J’ose ajouter que si je partage la crainte de l’extrême droite de Mme Lanctôt, j’ai aussi peur de personnes se disant de gauche. Chaque fois qu’on écrit que PDF Québec serait un organisme « transphobe », des messages invitant à la violence sont laissés sur son répondeur. On pourrait débattre de la dangerosité respective de chaque groupe, certes, mais on conviendra que les tenants des uns comme des autres veulent enlever des droits aux femmes. Les deux côtés ont des représentants violents et misogynes. Les deux côtés me semblent représenter les deux facettes d’un même patriarcat.
Devant cela, j’invite chacun à faire front pour les femmes contre toutes les violences.
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