Précipitation n’est point activité, un proverbe sur mesure pour l’UNEQ

La Maison n’est pas une « bâtisse », c’est un lieu historique, note l’autrice.
Valerian Mazataud Le Devoir La Maison n’est pas une « bâtisse », c’est un lieu historique, note l’autrice.

« La bâtisse » ! Ce qualificatif, répété à plusieurs reprises par le président d’assemblée de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ), le 29 mars dernier, en parlant de la Maison des écrivains, révélait-il son indifférence à la question sans même qu’il s’en rende compte ? Est-ce pour cela qu’il n’a pas proposé à l’assemblée une période de discussion limitée dans le temps sur les cotisations, alors qu’il savait qu’il y avait une autre proposition importante sur laquelle les membres devaient voter ?

Il a dirigé cette assemblée comme s’il était dépassé par le chaos auquel il était confronté. Il se disait tolérant, mais est-ce de la tolérance que de laisser à maintes reprises plusieurs participants s’exprimer en même temps, dans une cacophonie qui accroissait l’impatience, alors qu’il aurait très bien pu fermer les micros ?

Quel respect pour « la bâtisse » l’assemblée a-t-elle eu en acceptant d’interrompre la discussion sur la vente de la Maison des écrivains qui n’avait duré que quelques minutes lorsque la question préalable a été posée, empêchant ainsi tous ceux qui avaient levé leur main, et qu’on voyait très bien sur les écrans, de prendre la parole ?

Oui, il était tard, oui, les participants étaient fatigués, mais « la bâtisse », dont le sort a été « réglé » en quelques minutes (elle sera vendue au terme d’un moratoire de 18 mois), est celle que les fondateurs de l’UNEQ ont souhaitée et recherchée pendant treize ans, celle qu’ils ont transformée en lieu de rencontres qui a accueilli, de 1992 à aujourd’hui, écrivains québécois et étrangers, et amateurs de la littérature québécoise, et celle dont les murs sont couverts des oeuvres de nos écrivains.

La Maison n’est pas une « bâtisse », c’est un lieu historique, c’est la face visible des efforts de tous ceux et de toutes celles qui ont créé et continuent de créer la littérature québécoise et canadienne francophone, et de tous ceux et toutes celles qui la chérissent. Et personne n’a disposé de quelques minutes pour le rappeler…

Peut-être ne devrions-nous pas nous étonner de cette indifférence, puisque même les dirigeants de l’UNEQ, ceux et celles que nous avons élus pour nous représenter et défendre nos droits socioéconomiques, n’ont considéré la Maison des écrivains que comme une source de revenus. Ils étaient même prêts à vendre à perte l’actif le plus important de l’association pour financer des négociations pour lesquelles le directeur général a reconnu qu’il avait mis la charrue devant les boeufs, mais il « l’assume », nous a-t-il dit.

Non, ce n’est pas lui qui « l’assume ». Il n’a qu’à quitter l’UNEQ si les négociations pour lesquelles on aura sacrifié la Maison ne donnent pas les retombées escomptées. Ce sont les écrivains qui devront assumer les conséquences de cette précipitation, de ce manque de réflexion.

Dans son allocution, la présidente du conseil d’administration, qui vient de démissionner en bloc, a mentionné mon nom, reconnaissant ma passion à défendre la cause des écrivains. Elle avait raison, et c’est cette passion, toujours vive, qui m’a amenée à écrire cette lettre.

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