Les coucous, les trognons de pommes et les mégots de cigarettes

Je profiterai de la présente dénonciation publique de la part des députés de Québec solidaire (QS), qui exigent des excuses après avoir été traités de « bâtards » et de « gangrène », pour ressortir une lettre que j’ai écrite après les élections, mais qui n’avait pas été publiée. Par le fait même, je tiens à souligner que je soutiens QS à 100 % dans ce dossier, malgré nos opinions politiques divergentes.
Les coucous, les trognons de pommes et les mégots de cigarettes.
Si vous êtes un lecteur assidu des chroniqueurs populaires, vous avez peut-être déjà lu ces mots.
Ce n’est pas le cas ?
Je vous explique.
Ces mots ont été utilisés par un chroniqueur vedette pour décrire les candidats du Parti conservateur du Québec (PCQ) lors de la dernière élection provinciale, et cela, à maintes et maintes reprises. En fait, je ne compte plus le nombre de fois où ce moraliste mondain s’est permis de démolir littéralement des hommes et des femmes qu’il ne connaît ni d’Ève ni d’Adam tout simplement parce qu’ils ou elles ne pensent pas comme lui.
Qui sont ces gens ? Quel est leur parcours de vie ? Pourquoi en sont-ils venus à se lancer dans l’arène, sachant que plusieurs rapaces seront tapis dans l’ombre, attendant le bon moment pour les attaquer, pour ensuite se nourrir de leur carcasse ? Est-ce qu’un être humain qui désire se faire entendre et qui utilise la voie démocratique pour le faire mérite qu’on le traite de vidange et de fou ?
La liste de questions pourrait être infinie.
Effectivement, avant de faire un appel à la démolition publique et au lynchage, il faudrait se demander pourquoi. Pourquoi tant de haine ? Pourquoi ce besoin d’humilier, de détruire ? Quel besoin personnel suis-je en train de combler ? Socialement, compte tenu de mon rôle médiatique, je réponds à quel besoin ?
Soyons honnêtes un instant. Ce genre de calomnies ne fait rien avancer du tout. Elle ne fait que diviser en ostracisant ceux qui me dérangent, ceux que je n’aime pas et que je considère visiblement comme de la merde. Je m’organise pour peinturer ces « coucous », ces « vidanges » dans le coin et j’utilise ensuite mon pouvoir médiatique pour m’assurer que mes fans peuvent les pointer du doigt avec moi.
En gros, la recette est d’une grande simplicité. Je multiplie les raccourcis intellectuels et je fais des amalgames. En effet, je mets tout le monde dans le même bateau sans distinction. J’abuse ensuite du mot « libaaarté » dans mes textes pour démontrer que ces imbéciles ne connaissent bien sûr pas la (ma) vraie définition du mot « liberté ».
Puis, que serait une séance de démolition publique sans les insultes : covidiots, illettrés, coucous, sous-doués, vidanges, édentés, weirdos, bâtards, gangrène, épais, etc. ?
Que reste-t-il à faire après tout ça ?
Le plus important !
Le répéter encore et encore !
Une fois le « bon » travail terminé, je laisse mes vautours blogueurs finir le sale boulot…
Tout ça ne vous fait pas penser à un phénomène que nous tentons de combattre socialement ?
Moi, si… à de l’intimidation.
Pourtant, bon nombre de Québécois s’y abreuvent goulûment.