Facebook, ou quand l’outil devient un boulet

J’ai 25 ans et je crains de devoir traîner le fardeau de mes profils numériques jusqu’à ma mort. Je pense que je ne suis pas le seul à appréhender cela. Je crains que l’on continue d’engraisser ces géants californiens, et que dans l’indifférence, nous en écopions tous collectivement.
Il faut se l’avouer, les réseaux sociaux, notamment Facebook, Twitter et LinkedIn, ont considérablement élargi les possibilités de communication et de mobilisation des individus à travers le monde. Jamais entrer en interaction avec son prochain n’aura été aussi facile, et tous se demandent maintenant comment nous pourrions nous débrouiller sans ces technologies. Mais acceptons-nous vraiment de renoncer à notre indépendance et de laisser aux mains de quelques géants ce pouvoir sur nos vies pour les décennies à venir ?
Individuellement, les gens comparent leur vie avec celle, souvent idéalisée, des autres sur les réseaux sociaux. Les réseaux sociaux radicalisent, enlèvent le filtre normal de civisme présent dans toute conservation habituelle. Ils deviennent le refuge de l’inconfort et de l’aboiement. L’outil devient ainsi un boulet à porter, un avatar à entretenir. Un abysse au fond duquel des centaines de milliers d’heures seront probablement perdues au terme d’une vie d’utilisation au profit de géants qui n’appartiennent même pas à notre économie.
Tout cela, nous le savons déjà, et pourtant, rien ne laisse penser que nous dérogerons au sentier qui a été tracé par les géants du Web.
Cependant, les dommages sur la vie de notre nation, que ce soit sur le plan de notre démocratie, de notre économie ou de notre presse, sont à mon avis encore plus préoccupants et méritent notre attention.
L’emprise des réseaux sociaux sur notre culture démocratique est dramatique. Ils facilitent la polarisation en permettant à chacun de s’entourer de personnes qui partagent les mêmes opinions, tout en renforçant les opinions extrêmes et en réduisant les perspectives divergentes. Il n’y a qu’à voir comment les réseaux facilitent la diffusion de fausses nouvelles, de discours haineux et de désinformation. Ceux-ci ont aussi élargi nos oeillères. Ils ont donné la parole à un plus grand nombre, certes, mais l’augmentation de notre connectivité a des conséquences sur l’accès à l’information et sur l’importance que l’on attribue à nos collectivités locales.
Les réseaux sociaux ont également des conséquences sur les médias nationaux en leur offrant une concurrence déloyale. Les entreprises dépendent de plus en plus d’eux pour atteindre leurs publics cibles, ce qui a des retombées négatives sur les médias traditionnels qui ont besoin de publicités pour financer leurs contenus. Un peu comme les grands supermarchés ont depuis concurrencé et remplacé nombre de petits commerces de proximité. Les réseaux sociaux ont une influence sur le contenu des médias en encourageant la publication de nouvelles sensationnalistes et en leur imposant une présence sur leurs propres plateformes.
Alors, à mon tour de verser dans le sensationnalisme pour nous appeler, tous, à la réflexion : qu’est-ce qu’on attend pour fermer les réseaux sociaux ?