Solidaires avec ceux qui sacrifient leur liberté individuelle pour le bien collectif

Des activistes du collectif Antigone, un groupe d’affinité d’Extinction Rébellion Québec, ont procédé à une occupation du terminal Valero du pipeline de la ligne 9B, le 19 octobre dernier. Le groupe exige une diminution immédiate de la quantité de pétrole qui y circule afin de prévenir les risques de déversement et un plan clair pour sa fermeture complète. Ils souhaitent mobiliser la population sur des questions telles que la menace qu’il pose à l’eau potable et son rôle incontestable dans l’aggravation de la crise climatique.
Dans le contexte d’urgence climatique que nous traversons et devant l’inaction des gouvernements et l’absence de résultats, nous appuyons cette action de désobéissance civile non violente. Nous désirons offrir notre soutien à celles et ceux qui ont courageusement choisi de sacrifier leur liberté individuelle pour le bien collectif.
La ligne 9B est en service depuis 1976 et transporte près de 300 000 barils de pétrole par jour, dont du bitume dilué en provenance des sables bitumineux de l’Ouest canadien. Ce pipeline est usé et dangereux :
• Au moins 35 déversements ont eu lieu depuis sa mise en fonction ;
• le Québec, contrairement à l’Ontario, n’est informé que des fuites de plus de 1500 litres. Les déversements de 25 à 1500 litres ne sont pas moins dangereux ;
• les systèmes automatisés de détection des fuites n’en détectent qu’environ 12 % ;
• le pipeline est recouvert d’un vieux revêtement qui présente plus de risques de fissuration que les revêtements actuels ;
• avant l’inversion du flux en 2015 (pour acheminer le pétrole de l’Ouest vers l’Est), 12 961 anomalies avaient été répertoriées ;
• en 2011, à Terrebonne, une station de pompage d’Enbridge a connu une fuite de 4000 litres de pétrole sans que la compagnie en informe la municipalité.
Sur son trajet, la ligne 9B traverse plusieurs rivières et une fuite pourrait provoquer une catastrophe sanitaire d’une ampleur inégalée. C’est l’approvisionnement en eau potable de 3,2 millions de Québécois qui est à risque. En cas de déversement majeur, il n’y a aucun plan B pour la très vaste majorité des stations de purification de la région puisqu’elles ne pourront compter sur aucune prise d’eau de rechange.
Entre 1996 à 2014, Enbridge a été responsable de 1276 déversements de pétrole qui totalisent 224 374 barils de pétrole. Parmi ces déversements, le plus célèbre est celui de la rivière Kalamazoo au Michigan : le plus important à s’être produit sur les terres américaines. N’attendons pas une catastrophe.
La ligne 9B permet le transport du pétrole extrêmement polluant en provenance de l’Alberta. En contexte de crise climatique, l’extraction et le raffinage du bitume canadien émettent trois à quatre fois plus de gaz à effet de serre que le pétrole traditionnel. Les pétrolières doivent impérativement diminuer leurs activités, ce qui implique la fermeture de la ligne 9B. En outre, ce pipeline traverse le territoire de plusieurs nations autochtones qui se sont opposées à l’inversement du flux en 2015. Ce pipeline représente un danger pour nos écosystèmes, nos familles et notre planète.
Nous appuyons les demandes des activistes :
1. Diminuer dès maintenant la quantité de pétrole qui circule dans le pipeline pour réduire la pression sur l’oléoduc et diminuer les risques de déversement.
2. Arrêter immédiatement la circulation du pétrole des sables bitumineux sous forme de bitume dilué, un pétrole beaucoup plus lourd que le pétrole léger, qui coule au fond de l’eau en cas de déversement et est extrêmement difficile, voire impossible, à nettoyer.
3. Exiger immédiatement qu’Enbridge paye pour un réseau de détection en continu de fuites d’hydrocarbures dans les rivières des Outaouais, des Mille Îles et des Prairies et du fleuve Saint-Laurent en aval des traverses du pipeline et en amont des prises d’eau brutes.
4. Que les gouvernements du Québec et du Canada établissent un plan clair de fermeture du pipeline à moyen terme avec des étapes intermédiaires. La production canadienne d’énergies fossiles devrait s’aligner sur les recommandations du GIEC à propos des émissions dans le scénario de 1,5 °C de réchauffement.
5. Améliorer la législation provinciale afin d’obliger les compagnies pétrolières, comme Enbridge, à déclarer toutes les fuites de plus de 25 litres, comme c’est le cas en Ontario.
6. La Régie de l’énergie du Canada doit exiger qu’Enbridge effectue des tests hydrostatiques sur l’ensemble du pipeline pour garantir sa sécurité.
7. Les municipalités doivent avoir une réglementation pour garantir la protection de l’eau potable et s’assurer que les plans de mesures d’urgence assurent un approvisionnement en eau potable et la sécurité de la population en cas de déversement majeur, ainsi qu’une capacité d’intervention pour protéger les écosystèmes menacés.
*Ont signé ce texte :
La planète s’invite au parlement
Hoodstock
André Bélisle, président, Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique AQLPA
Patrick Bonin, Greenpeace Canada, responsable de la campagne Climat-Énergie
Anaïs Barbeau-Lavalette
Coalition étudiante pour un virage environnemental et social – CEVES
Alain Mignault, Fermons le pipeline 9B d’Enbridge
Laure Waridel, écosociologue, Ph. D et autrice de La transition, c’est maintenant
Clément de Gaulejac, illustrateur
350 Montréal
CCMM-CSNAction environnement Basses-Laurentides
AGECAR
Citoyens au courant
Albert Lalonde, militant-e pour la justice climatique
Dominic Champagne
Collectif anarchiste Emma Goldman (Saguenay sur le Nitassinan)
Jonathan Durand Folco, professeur à l’École d’innovation sociale, Université Saint-Paul
André-Yanne Parent, Réalité climatique Canada
Coralie LaPerrière, humoriste engagée
Ashley Torres
Association étudiante d’anthropologie de l’Université de Montréal (275 membres)
Rébecca Pétrin, directrice générale d’Eau secours
Djemila Carron, professeure
Charles-Antoine Bachand, Ph. D.
Marie-Josée Béliveau, coordonnatrice, Collectif femmes pour le climat
Dr. Greg Mikkelson
Éléonore Caron, Écothèque
Élisabeth Germain, militante écoféministe
Éric Pineault, ISE UQAM
Extinction Rebellion Sherbrooke
Foire ÉCOSPHÈRE
Bruno Huissoud, président, Fondation pour les arts et la culture du bassin de Chambly
Fred Dubé
Frédéric Legault, doctorant et chercheur à la Chaire de recherche sur la transition écologique, Université du Québec à Montréal
Hugues Dextra, externe de l’Association générale des étudiant.e.s en psychologie et neurologie de l’Université de Montréal
Isabelle Grondin Hernandez, militante avec la CEVES et organisatrice communautaire
Jacques Benoit
Joaquin Sabat, enseignant de sociologie
Tom Liacas, citoyen et consultant
La planète s’invite au Parlement – Longueuil
Lara Bourdin, doctorante
Les Alter citoyens
Le Syndicat des étudiant·e·s employé·e·s de l’UQAM (SETUE)
Marc Nantel
Les enjeux de l’insecticide Bti sur la biodiversité
Simon Guiroy, Porte-parole du Front étudiant d’action climatique (FEDAC)
May Chiu
Mères au front de Rouyn-Noranda
Mères au front – Rive-Sud
Michel Camus, Ph. D, épidémiologue
Michelle Parent
Mobilisation 6600 Parc-nature MHM
Oliver Sudden, président, Productions inc.
Pascal Bergeron, porte-parole, Environnement vert plus
Syndicat des travailleur.euse.s étudiant.e.s et postdoctoraux de l’Université Laval (STEP)
Regroupement vigilance hydrocarbures Québec (RVHQ)
Réseau québécois des groupes écologistes
Santiago Bertolino, réalisateur
Sébastien Barraud, syndicaliste
Shi Tao Zhang, étudiante à l’université
Simon Chavarie, enseignant, cégep de Saint-Jérôme
Solidarité populaire Estrie
Solon collectif
Stéphane Caillé, président, Syndicat des professeures et professeurs du cégep de Saint-Jérôme
Sylvain Caron, militant anti-pauvreté
Ainsi que des centaines d’autres. La liste complète des organismes et des personnes signataires est publiée sur nos plateformes numériques.