Envisager un monde viable avec l’agroforesterie

Le 5e Congrès mondial d’agroforesterie « En transition vers un monde viable », qui se déroule jusqu’au 20 juillet au Centre des congrès de Québec, rassemblera plus de 500 intervenants venus des quatre coins du globe. L’agroforesterie est une science autant qu’un ensemble de savoirs locaux qui placent l’arbre au coeur des pratiques agricoles. Plus concrètement, l’agroforesterie comprend tout autant les bandes riveraines, que les haies brise-vent, les forêts nourricières, les jardins de case ou les cultures et les élevages sous couvert forestier. Il s’agit véritablement d’une vision des écosystèmes aménagés, une vision écologique donc, mais surtout un savoir qui revêt une importance renouvelée face à la dégradation des écosystèmes. Car il y a urgence à agir.
Bien que les formes qu’elle peut revêtir soient nombreuses, l’agroforesterie est communément définie comme « un système intégré, qui repose sur l’association intentionnelle d’arbres ou d’arbustes à des cultures ou à des élevages, et dont l’interaction permet de générer des bénéfices économiques, environnementaux et sociaux ». L’agroforesterie propose ainsi un modèle radicalement différent de ceux qui prédominent actuellement et qui sont axés sur la simplification des écosystèmes et les monocultures.
En effet, l’association de différents types de cultures ou d’élevages et d’arbres ou d’arbustes génère de multiples avantages écologiques et économiques avérés par la science, comme la séquestration du carbone, une diminution de l’érosion de sols, une réduction de la dispersion des pesticides dans l’environnement ou la création d’habitats pour diverses espèces. L’agroforesterie apparaît dans ce contexte comme une perspective incontournable pour inverser la tendance à la dégradation des écosystèmes et à l’appauvrissement des systèmes agricoles.
Parmi les nombreux bénéfices associés à l’agroforesterie, rappelons que planter des arbres peut contribuer à réduire la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère et ainsi atténuer les changements climatiques. À cet égard, de nombreuses organisations nationales et internationales mettent en place des modes de compensation des émissions de dioxyde de carbone qui impliquent la plantation d’arbres en milieu agricole. Intégrer les arbres aux systèmes agricoles améliore la résilience aux extrêmes climatiques, autant les sécheresses que les épisodes de fortes pluies.
Les communautés agricoles peuvent aussi bénéficier des retombées économiques liées à la présence d’arbres, tant par la récolte de fruits et de noix que par la transformation du bois. L’agroforesterie peut également contribuer à contrer le déclin de la biodiversité en général, que ce soit celle qui se trouve dans l’eau, sur la terre ou dans les sols. Le déclin de la diversité du vivant est un problème criant, à propos duquel les instances internationales ne cessent de lancer l’alarme. Les arbres et les arbustes en milieu agricole constituent des refuges pour de nombreuses espèces d’insectes, d’oiseaux, de reptiles et de mammifères, lesquelles peuvent aussi aider à lutter contre les espèces nuisibles aux cultures.
Beaucoup reste à faire
Le congrès mondial sera l’occasion de statuer sur l’état des pratiques agroforestières au Canada et à l’échelle internationale, et de préciser leur rôle dans la transition écologique. Il s’agit notamment d’envisager comment utiliser le plein potentiel des aménagements agroforestiers. Beaucoup reste à faire, mais les experts ne s’entendent pas tous sur la meilleure façon de diffuser ces pratiques, et leur adoption demeure lente dans certains milieux.
Notre meilleure police d’assurance contre les perturbations climatiques actuelles et à venir viendra des écosystèmes diversifiés et résilients qui constituent le fondement de l’agroforesterie. C’est donc un domaine dans lequel il est important d’investir pour accélérer la transition écologique. Nous avons la conviction que le congrès mondial sur l’agroforesterie saura faire progresser les savoirs sur la question.