Oser enfin reconnaître la disponibilité des sages-femmes

«La négociation en cours doit permettre de mettre un terme aux iniquités salariales qui perdurent pour les sages-femmes», plaident les autrices.
Photo: iStock «La négociation en cours doit permettre de mettre un terme aux iniquités salariales qui perdurent pour les sages-femmes», plaident les autrices.

Comme c’est le cas pour d’autres professionnels du réseau de la santé, les sages-femmes doivent négocier leurs conditions de travail tous les trois à cinq ans. Depuis la légalisation de la profession, ces négociations réalisées sans considération réelle de ce qui est vécu sur le terrain ont accentué les iniquités, menant à la crise dans les services de sages-femmes qui sévit actuellement : conditions d’études difficiles, attraction et rétention de la main-d’oeuvre encore plus complexe que dans des domaines similaires et développement des services sages-femmes au ralenti faute de sages-femmes disponibles.

La situation est critique pour une grande majorité de services qui peinent à déployer des équipes complètes pour répondre à la demande des femmes, des personnes enceintes et des familles. Pour qu’une réelle reconnaissance s’opère, nous demandons au Conseil du trésor de cesser la discrimination systémique envers les sages-femmes et de leur offrir une compensation financière qui reflète leur importance et leur grande disponibilité.

Disponibles 24 heures sur 24

La négociation en cours doit permettre de mettre un terme aux iniquités salariales qui perdurent pour les sages-femmes. Elles sont disponibles 24 heures sur 24 durant des périodes variées et s’échelonnant sur plusieurs jours consécutifs. En résumé, elles ont des horaires atypiques, imprévisibles et défavorables qui ne sont pas compensés adéquatement. Pourtant, c’est cette grande disponibilité qui permet la construction d’une relation de confiance, et qui permet d’offrir une continuité relationnelle aux femmes qui sont suivies.

Les femmes, les personnes enceintes et leurs familles qui témoignent de leur suivi sage-femme sont unanimes : la disponibilité, l’authenticité et l’unicité de la pratique sage-femme sont extrêmement précieux. Ces témoignages sont touchants, car ils racontent des histoires de confiance, de grande disponibilité à toute heure du jour comme de la nuit sur de longues périodes, d’accompagnement physique, émotionnel et psychologique pendant la grossesse, de possibilité de mettre au monde un enfant dans différents lieux de naissance au choix de la famille et de soutien incomparable en post-partum ou pour l’allaitement.

Ces services répondent à des besoins spécifiques et essentiels qui sont réclamés par les familles de partout au Québec depuis plus de 40 ans. Pourtant, les sages-femmes ne sont pas encore rémunérées équitablement.

Un meilleur accès aux soins

 

Il y a quelques jours, un article publié dans le journal scientifique The Lancet mettait en question le manque de reconnaissance du modèle de soins sage-femme et décrivait comment ce dernier pourrait répondre à la crise entourant les soins maternels. Ce qui est clairement énoncé, et ce que le Regroupement Les sages-femmes du Québec ne cesse de clamer haut et fort, c’est que comme profession à prédominance féminine, les sages-femmes continuent d’être marginalisées, épuisées, insuffisamment rémunérées et encore trop peu reconnues. Devant le manque de pouvoir décisionnel qu’on leur octroie, il est impératif que le gouvernement reconnaisse leur apport indéniable dans le réseau de la santé et plus particulièrement pour les soins périnataux aux femmes et aux personnes enceintes.

Depuis maintenant plusieurs décennies, des communautés se mobilisent pour demander la mise en place de services d’accompagnement par des sages-femmes et tentent de se réapproprier les naissances. Pour arriver à déployer de tels services, le gouvernement doit enfin oser. Parce que l’accompagnement d’une sage-femme change tout dans la mise au monde, parce qu’un tel suivi diminue le coût du parcours de soins et des services des mères et des bébés et parce qu’il est temps qu’on leur accorde une reconnaissance financière pour leur disponibilité. Offrir des conditions de pratique améliorées permettrait d’assurer la relève nécessaire pour maintenir ce modèle spécifique au Québec et tellement apprécié des familles !

Alors que des ruptures de services sont annoncées dans les services d’obstétrique pour la saison estivale, les familles du Québec joignent leur voix à celles des sages-femmes : nous exigeons du gouvernement qu’il ose reconnaître l’apport des sages-femmes au Québec !

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