Le temps des environnementalistes viendra

Les derniers jours n’ont pas été des plus réjouissants pour la planète. Un ministre de l’Environnement souligne qu’il est impossible d’en faire davantage pour la cause climatique, alors que le second nous passe à travers la gorge le projet de Bay du Nord, deux jours après le rapport du GIEC. Selon ce même rapport, il est possible d’en faire plus, mais il faut cesser de produire et de consommer du pétrole. Nos gouvernements ont tout faux.
Bay du Nord a bouleversé la communauté environnementale. Personnellement, je l’ai senti comme une trahison. J’ai toujours eu pour principe de rester neutre vis-à-vis du politique. Mais pas cette fois. Je croyais en Steven Guilbeault. Je me suis dit : « un ministre de l’Environnement écologiste, ce serait incroyable ». J’ai donc offert mon temps ; j’y suis allé jusqu’à installer des pancartes un dimanche en soirée.
Je me souviens lorsqu’il fut assermenté ministre de l’Environnement. Ce matin-là, j’ai explosé de joie, la joie d’une victoire de plus pour la cause environnementale. Une victoire qui ouvrait la porte à rêver grand. J’en ai même versé quelques larmes. Des larmes d’espoir. L’espoir que je portais en Steven Guilbeault, mais surtout pour le message qu’il véhiculait. Nous en sommes là : l’environnement est à un environnementaliste. Le Canada a parlé. L’environnement l’a emporté.
Malheureusement, j’ai ravalé cette joie de travers avec Bay du Nord. Lorsque j’ai vu la personne pour laquelle j’avais tant d’admiration vendre Bay du Nord comme étant carboneutre… J’ai été dégoûté, triste et fâché à la fois. J’avais envie de mettre mon drapeau en berne.
Mais il ne le faut pas. Bien au contraire, c’est le moment de l’action !
La vérité est que ce projet est passé uniquement parce que les libéraux avaient davantage de gains politiques à l’accepter qu’à le refuser. Rien de plus. Des milliers de vies mises à risque — sans oublier la faune et la flore marine — pour de vulgaires votes.
La tyrannie de la majorité a fait de nouvelles victimes. Littéralement.
Or, si davantage de mobilisation existait, ce projet n’aurait pas abouti. Le meilleur exemple en est GNL Québec qui est mort-né en frappant le mur de la mobilisation sociale québécoise. Bien que le mouvement environnemental soit encore bien loin d’avoir remporté la guerre contre la crise climatique, il faut se rappeler que la seule défaite qui existe est celle où nous arrêtons de nous battre.
Chaque GES évité est un pas dans la bonne direction : un marathon n’est qu’une combinaison de pas. C’est exactement comme la crise climatique. Lorsqu’on fait la somme de tous les pas et de toutes les victoires qu’a obtenues le mouvement dans les dernières années, il y a encore de l’espoir !
Songeons à la taxe carbone qui est maintenant en place au Canada — pourtant un État pétrolier — tout comme dans plusieurs pays européens. Regardons la vague progressiste qui a frappé aux portes de nos municipalités. Elle amène la ligne bleue, le REM et même le tramway à Québec ! Nos actions ont des résultats.
Je dirais même que le rythme s’accélère ! Entre 2012 et 2022, l’expression « Climate Change » a été mentionnée sept millions de fois dans les journaux, soit trois fois plus que la décennie précédente.
La tyrannie de la majorité joue contre les environnementalistes… Pour l’instant.
Mais notre temps viendra. Il le faut. D’ici là, faisons-nous entendre. Agissons !
Consommons sobrement, créons des organismes, des entreprises et des comités durables, communiquons avec nos députés, investissons et transportons-nous durablement, etc.
Je vais clore sur les mots d’Hugo Séguin. Soyons radicaux ; une solution est radicale quand elle s’attaque à la racine du problème. Quand elle l’arrache pour reconstruire autre chose.
L’idée radicale d’hier est souvent le gros bon sens de demain.