Québec doit donner l’exemple pour le futur hôpital en Outaouais

La pandémie a mis en lumière plusieurs faiblesses de notre système de santé ainsi que la nécessité d’un réinvestissement dans le réseau. Face à ces constats, l’Ordre des urbanistes du Québec salue la volonté du gouvernement de construire un nouveau centre hospitalier en Outaouais, un projet attendu depuis longtemps qui contribuera à réduire les inégalités régionales.
Ce projet représente aussi une occasion toute désignée pour marquer une nouvelle ère d’exemplarité gouvernementale en aménagement du territoire. Car nous savons que les équipements publics majeurs ont un effet structurant sur nos villes et nos régions. Le choix de localisation d’un hôpital constitue à cet égard un geste d’envergure, avec des impacts importants non seulement sur le réseau de la santé, mais aussi sur les habitudes de transport, le développement urbain, le coût des infrastructures municipales, les émissions de gaz à effet de serre et l’environnement en général.
Conscients de ces vastes répercussions, un nombre important d’organisations et de personnes de l’Outaouais ont pris position en faveur d’un site au centre-ville de Gatineau. Nous ne pouvons que nous réjouir de cette mobilisation ; le fait que la population se sent interpellée est la preuve qu’une réelle culture de l’aménagement du territoire est en train d’émerger au Québec. Sans militer pour un site précis, nous tenons à joindre notre voix à ce débat important.
Transport collectif
Pour l’Ordre des urbanistes, il est impératif que les considérations d’aménagement du territoire et de mobilité durable soient au cœur de l’évaluation des sites potentiels. Soyons clairs, l’Ordre reconnaît que le réseau de la santé doit composer avec une variété d’exigences, et nous ne prétendons pas décider à sa place. Mais, en 2022, il est incontournable qu’une telle infrastructure soit localisée dans un endroit hautement accessible en transport collectif, qui favorise la rationalisation des coûts pour les infrastructures urbaines et qui consolide les milieux déjà urbanisés, plutôt que de participer à l’étalement urbain. À l’heure de la crise climatique, il ne suffit plus d’invoquer l’urgence pour évacuer les considérations de développement durable, de mobilité et d’aménagement.
En janvier 2021, le gouvernement du Québec a lancé une conversation nationale sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire, avec l’objectif de doter le Québec d’une politique nationale en la matière. Lors de cette conversation, le gouvernement a reconnu lui-même que ses interventions sur notre territoire n’ont pas toujours été cohérentes et exemplaires. Dans ce contexte, la décision du site du nouveau centre hospitalier représente une première occasion pour lui d’assumer un rôle de leadership et de faire un geste concrétisant sa volonté de faire autrement. Si le gouvernement ne montre pas la voie, comment pourrons-nous exiger mieux de la part des municipalités, des promoteurs et des citoyens ?
Enfin, ce dossier met en évidence la nécessité de faire aboutir la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire ainsi que d’adopter une stratégie de localisation des édifices publics au diapason des meilleures pratiques d’aujourd’hui. Le gouvernement doit se fixer des lignes directrices pour encadrer ces choix à l’avenir, en toute transparence, comme partie intégrante d’un nouveau contrat social. Notre territoire est précieux, et les choix d’aujourd’hui auront des impacts à long terme sur lui. Mettons toutes les conditions en place pour pouvoir léguer aux générations futures des villes et des régions qui nous rendront fiers.