La santé mentale, ça fait partie des soins de santé

«Puisqu’il est presque impossible d’avoir les services d’un psychologue dans le réseau public, plusieurs d’entre nous ne s’inscrivent même pas sur les listes d’attente», déplorent les signataires.
Photo: Tiziano Cardaci Getty Images «Puisqu’il est presque impossible d’avoir les services d’un psychologue dans le réseau public, plusieurs d’entre nous ne s’inscrivent même pas sur les listes d’attente», déplorent les signataires.

Nous sommes des citoyens qui avons vécu des défis avec notre santé psychologique ou celle de nos proches, comme une grande partie des Québécois et Québécoises. Pour la plupart, nous avons utilisé ou voulu utiliser des services psychologiques dans les dernières années, ou encore aider nos proches à le faire. Nous nous sommes trouvés face au manque de psychologues dans le secteur public.

Nous exigeons que des actions immédiates soient prises pour contrer la pénurie de psychologues dans le réseau public : elle entraîne un dangereux manque d’accès aux services en santé mentale. Ces mesures devraient refléter la gravité de la crise de santé mentale devant laquelle le Québec est placé. Le gouvernement doit impérativement cesser de se mettre la tête dans le sable, particulièrement avec la cinquième vague de COVID-19 qui sera un raz-de-marée pour la santé mentale des Québécois et Québécoises déjà épuisés.

Nous considérons que, non seulement nous avons le droit de recevoir les services des psychologues, mais qu’ils devraient être offerts gratuitement et rapidement dans les établissements publics. Nous ne trouvons pas normal que le système de la santé prévoie seulement de 12 à 20 séances avec un psychologue, et ce, après souvent une à deux années d’attente. Cette courte durée de traitement nous met de la pression pour aller mieux rapidement, ce qui est contre-productif et nuit à nos progrès !

Nous déplorons le fait que le système soit organisé et fonctionne pour maintenir la rareté des ressources. En effet, les salaires des psychologues du réseau public sont grandement inférieurs à ceux des psychologues du secteur privé. Bien qu’il soit parfois difficile de trouver un psy dans le privé, les départs importants des psychologues du public vers le privé rendent la situation d’autant plus critique pour les gens qui ne peuvent se payer des services psychologiques. Plusieurs postes restent vacants dans les établissements publics, et leur nombre est insuffisant à la base.

Quand notre médecin nous dit que nous devons voir un psychologue, c’est un psychologue que nous devons voir. Si notre médecin nous dirige vers un cardiologue, une infirmière ne suffit pas ! Certains d’entre nous ont vécu des arrêts de travail qui ont été prolongés en raison des difficultés d’accès aux psychologues. Augmenter les ressources au 811 ne répond pas à nos besoins, pas plus que l’embauche d’intervenants de toutes sortes. À défaut de voir un psychologue, nous nous retrouvons à consulter des médecins de façon répétée sans obtenir le traitement dont nous avons besoin. Nous trouvons inacceptable que l’utilisation d’antidépresseurs soit si répandue. Elle a d’ailleurs augmenté de 27 % dans les deux dernières années chez les adolescents — sans que le gouvernement fasse d’efforts pour augmenter l’accès aux psychologues dans le réseau. Les services psychologiques et les services psychosociaux sont deux besoins essentiels, mais lorsque la situation exige des services psychologiques, il est nécessaire d’y avoir accès gratuitement. Nous voulons pouvoir voir un psychologue lorsque nous en avons besoin. Nous demandons que ce droit fondamental soit respecté !

Puisqu’il est presque impossible d’avoir les services d’un psychologue dans le réseau public, plusieurs d’entre nous ne s’inscrivent même pas sur les listes d’attente. Pour la même raison, nos médecins de famille nous dirigent rarement vers le public. La longueur des listes d’attente ne révèle donc pas l’ampleur réelle des besoins.

La Coalition des psychologues du réseau public québécois propose des solutions claires pour ramener les psychologues dans le réseau public : une meilleure reconnaissance salariale et le respect de leur jugement professionnel pour nous offrir le meilleur traitement. De plus, il faut réinvestir afin de pourvoir les postes vacants et d’en ouvrir de nouveaux pour répondre aux besoins de la population. Il est plus que temps de mettre ces solutions en place ! […]

* Cette lettre est cosignée par près de 500 personnes.

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