Le temps passé devant un écran doit préoccuper l’école

«La Société canadienne de physiologie de l’exercice recommande aux adolescents de 12 à 17 ans de limiter leur temps d’écran à un maximum de deux heures par jour afin de diminuer leurs risques de sédentarité et la qualité de leur sommeil», écrit l'autrice.
Photo: Patrick Hertzog Agence France-Presse «La Société canadienne de physiologie de l’exercice recommande aux adolescents de 12 à 17 ans de limiter leur temps d’écran à un maximum de deux heures par jour afin de diminuer leurs risques de sédentarité et la qualité de leur sommeil», écrit l'autrice.

La pandémie a accéléré le déploiement de portables ou de tablettes pour tous les élèves au secondaire. Les feuilles lignées et le crayon de plomb sont révolus : bienvenue dans l’ère numérique ! Évidemment, je comprends l’urgence et la nécessité de déployer du matériel électronique lorsqu’une situation mondiale nécessite l’enseignement à distance. Cependant, j’observe que la tendance se maintient malgré le retour en classe et l’allègement des mesures sanitaires. À contrecourant de cette vague technologique, je considère que l’école devrait mieux encadrer, voire limiter l’usage d’outils numériques.

La Société canadienne de physiologie de l’exercice recommande aux adolescents de 12 à 17 ans de limiter leur temps d’écran à un maximum de deux heures par jour afin de diminuer leurs risques de sédentarité et la qualité de leur sommeil. À l’école, il y a quinze ans, les élèves pouvaient avoir une période ou deux par cycle en informatique, tandis qu’aujourd’hui, ils peuvent avoir des projets qui nécessitent un outil technologique dans presque toutes les matières.

Certes, ce ne sont pas tous les enseignants qui utilisent les outils informatiques, pas plus que ces derniers ne sont utilisés à chaque période. N’empêche que dans certains cas — tels que certains programmes avec une concentration informatique —, le temps passé devant les écrans dépasse fortement les recommandations des professionnels, et ce, uniquement au sein de l’école. Si les écoles ne mettent pas en place une politique concernant le temps d’écran, les élèves pourront en fin de compte passer près de 300 minutes, quatre périodes de 75 minutes, devant un écran au cours d’une journée à l’école. Doit-on aussi rappeler qu’une grande majorité d’élèves ont un cellulaire, qu’ils consultent à l’heure du midi ainsi que pendant leurs pauses ?

Concernant les cellulaires, les enseignants doivent souvent jongler pour contrôler l’utilisation de ces appareils en classe. Ce défi s’ajoute à celui de surveiller une trentaine d’élèves cachés derrière leur écran aux multiples fenêtres ouvertes : Classroom, Alloprof, un site de magasinage en ligne (oups !) et un jeu sur Internet (encore oups !). Bien que les écoles aient bloqué certains sites, ces restrictions d’accès ont aussi leurs limites, et les causes de distraction se sont multipliées ! Adulte, j’ai moi-même de la difficulté à ne pas ouvrir un onglet Facebook ou consulter un courriel pendant mes cours à l’université. Alors, comment peut-on s’assurer que les adolescents fassent une gestion optimale de leurs outils numériques pour leur réussite ?

Puis, la cloche sonne, et les portables ou les tablettes prennent le chemin de la maison pour que les élèves puissent continuer à étudier à partir du numérique, terminer un travail ou tout simplement naviguer sur Internet. Les outils numériques de l’école sont rendus sur les épaules des parents jusqu’au lendemain matin. Certes, les parents peuvent télécharger des applications de contrôle parental qui s’appliquent normalement aussi aux comptes scolaires de leur enfant. Par contre, le parent qui souhaite sensibiliser son adolescent à limiter son temps d’écran ne sait plus combien d’heures celui-ci a déjà faites pendant sa journée. De plus, se sent-il à l’aise de dire à son enfant de ranger son portable alors qu’il doit terminer son travail dans Classroom ?

Je ne nie pas certains bienfaits et avantages qu’offrent les écrans dans le monde scolaire. Par contre, comment peut-on aider les jeunes à trouver un équilibre si l’école n’adopte pas une politique claire concernant le temps d’écran de ses élèves ? Plusieurs parents ont à cœur les questions numériques, et il est temps que l’école se responsabilise aussi face à cette situation.

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