L’éducation à la citoyenneté, un projet de société

«Nous fondons tout de même beaucoup d’espoir sur le fait que l’éducation à la citoyenneté devienne un projet central de l’école québécoise», écrivent les auteurs.
Photo: Martin Bureau Agence France-Presse «Nous fondons tout de même beaucoup d’espoir sur le fait que l’éducation à la citoyenneté devienne un projet central de l’école québécoise», écrivent les auteurs.

L’attention qu’on accorde à ce qui se passe dans nos écoles est grande, et rassurante. Le débat entourant le contenu du nouveau programme Culture et citoyenneté québécoise est utile et nécessaire, pour nous garantir qu’il sera à la hauteur de nos attentes et de nos besoins. Qui plus est, l’annonce de ses orientations nous apparaît une occasion à saisir. Il faut toutefois s’assurer que les bonnes conditions soient en place pour en faire un projet rassembleur, et nous avons, à l’Institut du Nouveau Monde (INM), quelques pistes à proposer.

Depuis 18 ans, l’INM contribue à développer les compétences citoyennes de milliers de jeunes au Québec. Notre mission est d’accroître la participation des citoyennes et des citoyens à la vie démocratique, dans un esprit de renforcement du lien social et de nos institutions. En plus de nos écoles de citoyenneté, véritables rendez-vous où l’on convie quelques centaines de jeunes chaque année, nous parcourons les classes des établissements d’enseignement collégial et secondaire de la province pour initier les élèves à la vie démocratique, aux rouages de nos institutions, ainsi qu’aux compétences nécessaires à acquérir pour vivre une citoyenneté active.

Nous avons eu l’occasion de réfléchir à maintes reprises à la notion d’éducation à la citoyenneté, avec des partenaires de tous horizons, y compris Élections Québec, Élections Canada, le Secrétariat à la jeunesse du Québec, ainsi que des partenaires du milieu de la recherche et de la société civile.

Lorsque le ministère de l’Éducation a lancé, à l’hiver 2020, une consultation sur le programme Éthique et culture religieuse, nous avons déposé un mémoire qui présente trois recommandations, que nous souhaitons partager avec le public :

1-L’éducation à la citoyenneté peut être le fil conducteur d’une refonte du cours Éthique et culture religieuse​, et donner un sens à différents thèmes (participation citoyenne et démocratie, éducation juridique, écocitoyenneté, éducation à la sexualité, développement de soi et des relations interpersonnelles, éthique, citoyenneté numérique, culture des sociétés). Ces thèmes ne doivent pas être mis en concurrence, mais envisagés en fonction de leur complémentarité et de leur pertinence pour la formation de citoyennes et de citoyens informés et compétents pour contribuer à la vie en société.

2-L’éducation à la citoyenneté est une affaire de connaissances et de compétences qui doit être pensée du primaire au secondaire, dans le cadre d’un programme de cours spécifique, mais aussi dans le cadre d’activités hors classe et à travers la vie démocratique des écoles.

3- Plutôt que d’organiser la formation de manière à ce qu’une seule enseignante ou qu’un seul enseignant puisse transmettre l’ensemble des connaissances au programme, il faut encourager un partenariat entre le personnel enseignant et les intervenants spécialisés, pour rendre le programme interactif et vivant.

Malheureusement, aucun rapport de cette consultation n’a été rendu public. Nous croyons que cela mine la confiance des acteurs et alimente les suspicions envers le nouveau cours. Quelles étaient les faiblesses du cours d’éducation et culture religieuse ? Quels points de vue se sont confrontés lors de la consultation ? Quelles grandes tendances et quelles divergences ? Cette information inaccessible permettrait aux acteurs de mieux comprendre les arbitrages ministériels !

Nous fondons tout de même beaucoup d’espoir sur le fait que l’éducation à la citoyenneté devienne un projet central de l’école québécoise. Cela est essentiel pour maintenir une santé démocratique. Nous observons que l’enseignement des connaissances utiles à l’exercice de la citoyenneté est déficient actuellement, en particulier en ce qui concerne les formes de participation citoyenne et le fonctionnement des institutions démocratiques. Cette refonte du programme est l’occasion d’y remédier, et de répondre au besoin des jeunes de comprendre et de prendre la place qui leur revient.

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