Non à la fermeture de l’urgence de Senneterre

«Les conséquences désastreuses immédiates et à long terme de la fermeture, ne serait-ce que partielle, de l’urgence de Senneterre, ont très mal été évaluées, et nous en sommes particulièrement inquiets», écrivent les auteurs.
Photo: iStock «Les conséquences désastreuses immédiates et à long terme de la fermeture, ne serait-ce que partielle, de l’urgence de Senneterre, ont très mal été évaluées, et nous en sommes particulièrement inquiets», écrivent les auteurs.

La semaine dernière, la communauté tissée serrée de Senneterre a appris en conférence de presse que son centre de services d’urgence allait fermer 16 heures par jour, et ce, très bientôt. Cette décision a été prise dans la meilleure tradition du réseau de la santé : à partir d’en haut et dans le dos du milieu concerné. Les conséquences désastreuses immédiates et à long terme de la fermeture, ne serait-ce que partielle, de l’urgence de Senneterre, ont très mal été évaluées, et nous en sommes particulièrement inquiets.

Durant nos années de pratique, nous avons eu à effectuer des accouchements d’urgence à de nombreuses reprises, souvent la nuit. Dans la vie, il est impossible de tout prévoir et, parfois, ça se passe très vite : trop vite pour avoir le temps de se rendre à 70 ou 80 kilomètres de chez nous. Et que dire aussi de ces nuits où les routes étaient tellement glacées que même l’ambulance a dû attendre plusieurs heures avant d’effectuer le transfert en milieu hospitalier d’une mère et de son nouveau-né ?

La fermeture entraînera également des situations impossibles, où des gens ne pourront pas se rendre à un hôpital pour recevoir des soins urgents parce qu’il n’y a même pas de taxi en activité la nuit à Senneterre. C’est sans parler du fait qu’avec les horaires de faction des ambulanciers, il y a un risque important de découverture ambulancière durant les heures proposées de la fermeture de l’urgence.

Personnel engagé et mobilisé

 

Le personnel soignant a toujours répondu présent aux besoins pressants des employés des usines qui travaillent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et qui peuvent avoir des accidents graves. Le service d’urgence est également crucial pour les grands-parents de nos résidences de personnes âgées qui souffrent d’un problème pulmonaire au milieu de la nuit ou encore pour les hockeyeurs amateurs qui sont victimes d’un infarctus lors d’un match en soirée. Et selon nos échos sur le terrain, le personnel infirmier local n’est pas en crise ; le sentiment d’appartenance y est pour beaucoup.

« Ça me déchire par en dedans de savoir que les citoyens ne pourront pas bénéficier de soins médicaux 24/7. C’est leur vie et leur santé qui sont mises en danger », nous a dit une infirmière qui travaille à l’urgence depuis six ans.

« Le temps supplémentaire n’est pas obligatoire chez nous. Personnellement, j’en fais de façon volontaire parce que j’aime mon emploi, j’aime ma chef de service, j’aime mes collègues et j’aime la population de Senneterre », nous a raconté sa collègue.

Prenons ce titre: « Une femme enceinte décède en ambulance avant d’atteindre l’hôpital de Val-d’Or »: Attendrons-nous de le lire dans les journaux avant de comprendre que la fermeture des urgences de la ville est non seulement une très mauvaise idée, mais un risque réel pour la santé de notre population ? Même la Ville de Val-d’Or a admis ne pas pouvoir recevoir le flot de patients qu’une telle fermeture implique.

Monsieur le Ministre Dubé et le Monsieur le Premier Ministre Legault, il est encore temps d’agir avant d’éviter le pire. Maintenons nos services et continuons de desservir, jour et nuit, tous ceux qui ont besoin d’assistance médicale à Senneterre.

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