Pénurie de psychologues et de services publics

Les psychologues, maintenant détenteurs d’un doctorat, préfèrent pratiquer leur profession au privé où leurs conditions de travail, leur autonomie professionnelle, leur salaire sont meilleurs, explique l'autrice.
Photo: iStock Les psychologues, maintenant détenteurs d’un doctorat, préfèrent pratiquer leur profession au privé où leurs conditions de travail, leur autonomie professionnelle, leur salaire sont meilleurs, explique l'autrice.

On parle beaucoup ces jours-ci de pénurie de psychologues, et du besoin plus grand de psychothérapie pour tous les niveaux d’âge en cette difficile période de pandémie qui a un impact certain sur la santé mentale. En psychologie, le Dr Carmant a récemment fait appel au privé puisque les ressources au public sont très insuffisantes pour répondre à la demande, et les listes d’attente sont décourageantes. Même au privé, les besoins dépassent l’offre, et l’accès au service est limité puisque l’état ne paye pas la totalité du montant de l’entrevue et seuls ceux qui peuvent financièrement assumer la différence peuvent se prévaloir de cette mesure.

Je compare le manque de psychologues au manque de personnel dans les ressources pour personnes âgées : il y a longtemps que les gouvernements savent que les services publics de psychologie sont insuffisants. J’ai moi-même exercé la profession de psychologue pendant 34 ans et je suis retraitée du service public. Mes collègues et moi déplorions il y a plus de 15 ans le manque cruel de psychologues à la DPJ. Nous dénoncions le fait que ces enfants, les plus souffrants de la société, ne bénéficient pas tous d’une évaluation psychologique complète avant que l’on établisse pour eux un plan de vie, à court ou moyen terme, et qu’ils ne font pas l’objet d’un suivi et que ce suivi soit examiné comme élément déterminant dans les révisions statutaires de la situation de l’enfant, qu’elle soit judiciarisée ou non. L’apport des autres professionnels, entre autres travailleurs sociaux, éducateurs, formés en relations humaines, est très utile, mais ne peut remplacer l’expertise unique des psychologues.

Les psychologues, maintenant détenteurs d’un doctorat, préfèrent pratiquer leur profession au privé où leurs conditions de travail, leur autonomie professionnelle, leur salaire sont meilleurs. Faut-il leur en vouloir ? Je ne pense pas, mais comme société, je ne crois pas qu’il faille continuer ce glissement. M. Legault, êtes-vous toujours social-démocrate ? Alors, prouvez-le en augmentant les ressources en personnel, tant dans les services aux personnes âgées que dans ceux aux enfants les plus démunis de la société. C’est sûr que politiquement, c’est moins rentable qu’un chantier de 10 milliards de dollars, ça frappe moins l’imagination, mais cet argent serait beaucoup mieux dépensé, et vous y gagneriez peut-être même politiquement à long terme. De la même façon que vous gagneriez politiquement à augmenter le personnel dans les CHSLD, et surtout à développer les services à domicile pour les personnes âgées, plutôt que de miser sur des constructions, même d’avant-garde (les maisons des aînés). Madame Marois a bien laissé sa marque politiquement avec le réseau des garderies dont le Québec s’enorgueillit à raison. N’est-ce pas un héritage enviable ? Cela ne vous tente-t-il pas ?

 

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