Pour une meilleure cohabitation sur les rivières et les lacs

L’été dernier, les régions touristiques du Québec ont connu un achalandage record et les visiteurs, après des mois de confinement dû à la pandémie, ont manifesté un vif intérêt pour la pratique d’activités de plein air. Les lacs et les rivières ont été particulièrement ciblés par les touristes qui souhaitaient être en contact direct avec les cours d’eau et profiter pleinement des plaisirs que procurent les activités nautiques. Toutefois, ce taux élevé de fréquentation des milieux aquatiques a créé ou accentué certains problèmes : accumulation de déchets, empiétement sur des propriétés riveraines privées, besoins sanitaires mal gérés, conflits entre usagers, etc. Ce contexte a généré certaines tensions et a mis en lumière la nécessité de créer une cohabitation harmonieuse entre les différents usagers : propriétaires riverains, amateurs de baignade, pêcheurs, adeptes d’activités nautiques (canot, kayak, etc.) et autres.
La préservation du caractère naturel des rivières et de leur accès à tous est au cœur de la mission de la Fondation Rivières et des préoccupations des cosignataires de la présente lettre. Nous croyons que ces situations vécues l’été dernier nous interpellent toutes et tous et qu’il faut maintenant prendre un temps d’arrêt et voir à mettre en place un véritable mécanisme de concertation nationale, régionale et locale pour établir les règles d’un partage mieux défini des usages du territoire.
Ce faisant, il s’agit de nous assurer tous ensemble de trouver un juste équilibre entre le développement des activités récréatives et la conservation des milieux naturels, des habitats fauniques et de la qualité de l’environnement. Depuis plus d’un an, le contexte de pandémie engendre une croissance importante du tourisme de plein air au Québec et nous offre une occasion sans pareil de réfléchir collectivement à une meilleure structuration et à une meilleure organisation de nos territoires naturels.
Différents modèles de gestion démocratique du territoire ont permis depuis une cinquantaine d’années aux acteurs locaux et régionaux de s’adapter aux conditions particulières du territoire, comme c’est le cas dans les zones d’exploitation contrôlée (ZEC), par exemple. Face à une nouvelle génération d’usagers aux intérêts et aux pratiques plus diversifiées qu’auparavant, il nous apparaît important d’examiner nos façons de faire dans la gestion de nos territoires et de mettre à jour nos outils et nos moyens de gestion pour en optimiser les retombées socio-économiques dans nos régions, tout en protégeant la qualité de notre environnement. Notre défi aujourd’hui, c’est de développer l’expertise nécessaire à la gestion de ces nouveaux usages diversifiés des lacs et des rivières, tout en consolidant la vie démocratique dans la gouvernance de nos territoires.
De toute évidence, l’élaboration et la mise en œuvre de ce nouveau cadre exigeront une concertation des acteurs du milieu et la collaboration de nombreux ministères : le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, le ministère de l’Éducation (volet loisirs et sports), le ministère du Tourisme et le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Nous soussignés, adressons donc au gouvernement du Québec une demande formelle d’entreprendre sans tarder une grande démarche de réflexion à l’échelle du Québec qui réunira les acteurs publics, privés et sociaux concernés par l’utilisation viable et la saine cohabitation des usages sur les lacs et les rivières du Québec.
À titre de signataires, nous sommes prêts à participer de façon active et positive à ce dialogue collectif.
* Lettre cosignée par : Jean-Michel Hébert, président d’Aventure écotourisme Québec ; Antoine Verville, directeur général du Regroupement des organismes de bassin-versant du Québec ; Sylvain Deschênes, directeur général de Nautisme Québec — Alliance de l’industrie nautique du Québec ; Pierre Marquis, directeur général de Canot Kayak Québec ; Julie Crépeau-Boisvert, directrice générale d’Eau vive Québec.