Des solutions à la crise du logement

Une autre semaine, une autre série de débats de sémantique et de batailles de données pour trancher si, oui ou non, nous traversons une crise du logement au Québec. Pourtant, pour moi, pour mon entourage et pour de nombreux jeunes québécois, les difficultés vécues quant à nos recherches immobilières semblent faire consensus. À la vitesse où les prix des loyers augmentent, nous n’avons plus le luxe de débattre sur l’ampleur du problème ; l’heure est aux solutions.
Maintenant que le télétravail est devenu la norme, il n’est plus simplement question d’avoir un toit au-dessus de nos têtes. Il est également question d’environnement de travail et de santé mentale, surtout chez les jeunes qui se retrouvent à passer de plus en plus de temps dans des logements de moins en moins abordables.
Pour éviter de nous retrouver dans des situations similaires à celles de Vancouver ou Toronto, nous devons agir aujourd’hui en trouvant des solutions audacieuses qui vont au-delà d’un registre des baux. Et pour cela, une collaboration entre les différents ordres gouvernementaux est absolument nécessaire.
Aide au logement
Un premier feu à éteindre est celui de l’accès à la location pour des milliers de jeunes qui ont hérité d’un marché, où, à Montréal par exemple, le prix moyen d’un logement est de 1310 $.
Nous aurions collectivement intérêt à augmenter et à élargir l’accès au programme Allocation-Logement aux jeunes ménages à faible revenu sans enfants, auquel, à l’heure actuelle, seules les familles à faibles revenus et les personnes de plus de 50 ans sont admissibles. Il serait également possible d’augmenter l’aide reçue à travers le programme de supplément au loyer. Ces coups de pouce permettraient aux jeunes de faire baisser la part du loyer de leurs revenus, qui peut s’élever jusqu’à 70 % chez certains étudiants vivant à Montréal, tout en poursuivant leurs études ou en travaillant dans moins de précarité.
À moyen et long terme, il est indispensable de penser à des mécanismes pérennes qui assurent une augmentation du nombre de logements locatifs dans nos villes. En effet, la construction de logements sociaux, communautaires et privés permettrait de réduire la pression sur le marché de l’immobilier, tant pour la location que pour la vente, et ainsi de freiner la hausse des prix.
Mais pour y arriver, une action concertée des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéraux est essentielle puisque présentement, les programmes de financement pour des projets de construction de logements sont maladroitement arrimés. C’est en travaillant ensemble pour offrir des options de financement cohérentes que les gouvernements auront le pouvoir d’augmenter l’offre de logements.
Le logement social communautaire représente également une option intéressante, mais est limité aux jeunes présentant des vulnérabilités particulières ou encore aux jeunes parents. Une offre plus grande de logements sociaux communautaires permettrait de soulager le marché locatif privé en diminuant la demande.
Se protéger de la spéculation
Enfin, il faut considérer des initiatives ambitieuses si l’on veut assurer une offre abordable et durable. Une de ces solutions serait notamment de créer des parcs immobiliers à l’abri des logiques spéculatives, ou encore des conditionnalités plus prescriptives rattachées aux subventions octroyées, comme la stratégie 20 / 20 / 20.
Crise du logement ou non, le marché de l’immobilier évolue et nos programmes et systèmes doivent se développer dans le même sens. Je suis de nature optimiste, et j’ai bon espoir que les solutions préconisées par nos gouvernements seront réfléchies en favorisant un dialogue avec les personnes directement touchées par les enjeux du logement. Une chose est certaine : les solutions existent, et c’est le moment d’agir pour les jeunes d’aujourd’hui et pour les générations futures.