Comment mieux enseigner l’histoire après la mort de Joyce Echaquan?

«La mort tragique de madame Echaquan offre la possibilité d’améliorer nos livres d’histoire à dessein de permettre aux peuples autochtones d’être dignement représentés», estime l'autrice.
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne «La mort tragique de madame Echaquan offre la possibilité d’améliorer nos livres d’histoire à dessein de permettre aux peuples autochtones d’être dignement représentés», estime l'autrice.

Le 28 septembre 2020, la mort de Joyce Echaquan ébranlait le Québec. La mort de cette femme attikamek, mère de 7 enfants, replongeait le Québec et le Canada dans un débat sur le racisme systémique envers les Premières Nations. Depuis ce jour de septembre, la population québécoise réclame du changement.

À titre d’enseignante et d’étudiante en maîtrise, je pense qu’il serait pertinent de revoir le matériel pédagogique disponible en histoire afin d’attribuer une place plus grande aux Autochtones dans nos manuels scolaires d’histoire. Dans la foulée, cela assurerait la réduction des préjugés encore très présents envers les Premières Nations.

Rappelons qu’au primaire, les enfants apprennent le mode de vie des Autochtones, leurs activités de subsistance, leurs moyens de transport et abordent la question des rapports sociaux. En troisième secondaire, la même matière est abordée en plus des systèmes d’alliances et d’échanges. Dans les livres d’histoire, le problème est que l’on montre un portrait inadéquatde ceux-ci. Les cahiers pédagogiques du primaire et du secondaire se répètent et n’abordent pas totalement la culture autochtone de front. Les manuels passent sous silence les nombreux mauvais traitements et les tentatives d’assimilation dont les Autochtones ont été victimes. Omerta sur la guerre bactériologique et l’extermination volontaire des Premières Nations sous le régime britannique. Même chose pour les pensionnats qui ont duré jusqu’au 20e siècle. Il existe très peu de documentation et d’images des peuples autochtones dans les livres. Le clivage entre les peuples autochtones et le reste du Canada est si important que la majorité des élèves ne sont pas capables de nommer une seule nation et une seule langue des Autochtones.

Heureusement, les enseignants du primaire et du secondaire peuvent mobiliser des ressources diverses pour faire connaître la culture autochtone à leurs élèves. Amnistie internationale a produit le livret : Tu n’as pas l’air autochtone ! et autres préjugés. Radio-Canada a généré la série 8e feu. Mikana est un site Web accessible qui prône la sensibilisation sur l’histoire des peuples autochtones tout comme DestiNATIONS. De plus, Regroupements Autochtones de Montréal et Québec contiennent une multitude d’informations concernant les Premières Nations. D’ailleurs, Denys Delâge publiait un excellent ouvrage en 2017 : Le piège de la liberté : les peuples autochtones dans l’engrenage des régimes coloniaux.

La mort tragique de madame Echaquan offre la possibilité d’améliorer nos livres d’histoire à dessein de permettre aux peuples autochtones d’être dignement représentés. Non seulement les Autochtones doivent-ils cesser d’être les passagers sur leur propre territoire (Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics, 2019), mais il est temps de changer la perception des élèves, en classe, lorsque les enseignants parlent des Premières Nations. Deux mois se sont écoulés, depuis le décès de Joyce Echaquan. Sa mort laisse un vide que les manuels scolaires d’histoire doivent combler.

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