Les chargés de cours au coeur des universités

«La pandémie n’a fait qu’ajouter aux inégalités socioéconomiques, et la précarité institutionnalisée que nous subissons en tant que chargés de cours en est un exemple», pensent les signataires.
Photo: Getty Images / iStockphoto «La pandémie n’a fait qu’ajouter aux inégalités socioéconomiques, et la précarité institutionnalisée que nous subissons en tant que chargés de cours en est un exemple», pensent les signataires.

Le 13 mars dernier, lorsque la pandémie a forcé tous les établissements universitaires à suspendre leurs activités en présentiel, nous, chargées et chargés de cours, enseignantes et enseignants contractuels, tutrices et tuteurs des universités québécoises, avons réussi à nous adapter rapidement pour permettre la poursuite des cours. Un travail colossal a été réalisé pour que les sessions d’hiver et d’été se déroulent au mieux : apprentissage des outils technologiques, adaptation des cours sur le mode non présentiel, création de nouveaux matériels pédagogiques, suivi personnalisé auprès des étudiants, et bien plus. Et il en sera de même à l’automne. Cependant, en réponse à ce professionnalisme et à cette disponibilité, les universités doivent aussi faire preuve d’une pareille ouverture et de responsabilité.

La pandémie n’a fait qu’ajouter aux inégalités socioéconomiques, et la précarité institutionnalisée que nous subissons en tant que chargés de cours en est un exemple. En effet, sans tenir compte de notre rôle incontournable dans la formation de milliers d’étudiants, des directions d’université nous privent de travail en réduisant l’offre de cours. Certaines vont même jusqu’à augmenter considérablement, jusqu’au triple et davantage, la taille des groupes en faisant fi de la nécessité d’un climat favorable à l’apprentissage et au mépris de la qualité de l’enseignement. Dans ces conditions, les étudiants seront, au côté des chargés de cours, les grands perdants de cette gestion à courte vue.

Nous interpellons donc les directions d’université pour qu’elles annulent la réduction de l’offre de cours au trimestre d’automne et qu’elles préviennent ainsi ses conséquences dévastatrices tant sur la situation des enseignants que sur la réussite des étudiants. Nous les pressons également de considérer l’ampleur du travail accompli en nous dédommageant pour les très nombreuses heures supplémentaires déjà consacrées à l’adaptation des cours sur le mode non présentiel. Enfin, les universités doivent s’engager à fournir à tout leur personnel en télétravail le soutien et les ressources nécessaires à la réalisation de leurs tâches, dont un accès Internet et du matériel informatique adéquats ainsi que des conditions de travail favorisant l’ergonomie, la santé et la sécurité.

Dédommagement

 

Nous profitons également de l’occasion pour interpeller la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur, madame Danielle McCann, et pour inviter le gouvernement à se montrer ouvert devant les effets de la pandémie en milieu universitaire. Nous lui demandons d’accorder aux établissements une enveloppe budgétaire qui sera consacrée au dédommagement des enseignants pour le travail supplémentaire substantiel réalisé et les dépenses engagées pour maintenir les activités d’enseignement.

Les chargés de cours, les enseignants contractuels et les tuteurs sont plus de 12 000 à offrir la majorité des cours du 1er cycle dans les universités québécoises. Leur apport est essentiel à une formation universitaire de qualité, ce n’est plus à démontrer. Pourtant, nous devons continuellement lutter pour faire reconnaître notre expertise. En ces temps difficiles de pandémie, l’ampleur de notre tâche doit absolument être reconnue et notre travail, protégé.

Signataires : Raad Jassim, président, Syndicat des chargé(e)s de cours et des instructeurs(trices) de McGill-CSN ; Perry Shearwood, président, Syndicat des chargées et chargés de cours à l’éducation aux adultes de l’Université Concordia-CSN ; Pierre Verge, président, Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université de Montréal-CSN ; Benoît Perron, vice-président, et Simon Ouellet, vice-président, Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue-CSN ; Marie-Josée Bourget, présidente, Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université du Québec en Outaouais-CSN ; Olivier Aubry, président, Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’Université du Québec à Montréal-CSN ; Nathalie Ebnoether, présidente, Syndicat des tutrices et tuteurs de la TELUQ-CSN

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