Bas les masques!

À l’heure du déconfinement, au moment où on nous demande d’enfiler un masque pour le bien de la collectivité, nous disons à la classe politique : « Bas les masques ! »
La pandémie actuelle aura révélé sous une lumière crue, sans possibilité, cette fois-ci, de masquer la réalité, les failles du système de santé, le sous-financement des services publics, les conséquences catastrophiques des réformes « austéritaires », la précarité des travailleuses et des travailleurs de la santé, qui sont des anges gardiens depuis bien des années, mais dont on a trop longtemps coupé les ailes.
D’autres anges gardiens, dont on a bien peu parlé, se sont attelés à la tâche ces dernières semaines. Ces personnes n’étaient pas exposées au virus, mais elles ont travaillé et travaillent encore d’arrache-pied et avec les moyens du bord pour accompagner les jeunes et les adultes vers la fin d’une difficile session d’études dans la poursuite de leur formation professionnelle et citoyenne : le corps enseignant des cégeps et des universités. Sans oublier, bien sûr, les enseignantes et les enseignants du préscolaire, du primaire et du secondaire, qui continuent à soutenir leurs élèves et à accompagner les parents afin d’assurer la meilleure reprise scolaire possible.
La pandémie révèle déjà, et révélera encore plus très bientôt, les failles d’un système d’éducation privé de moyens financiers depuis des années et au sein duquel la précarité des travailleuses et des travailleurs fait des ravages.
Or, on le sent venir, on nous parlera bientôt de crise des finances publiques : « Bas les masques ! »
Si la pandémie actuelle n’est pas suffisante pour enfin s’attaquer aux paradis fiscaux et aller chercher ces sommes volées à la société, sommes colossales qui permettraient, en toute équité fiscale, d’offrir des services publics essentiels, qu’est-ce que cela prendra ?
Les gouvernements trouvent toujours des fonds pour sauver les entreprises, même les plus polluantes, tout un système vicié qui a contribué aux problèmes environnementaux que l’on connaît et qui sont à la source de l’actuelle pandémie.
« Bas les masques ! » Il est temps de revoir nos priorités ! Si des sous sont essentiels pour sauver les entreprises et soutenir les travailleurs, il en va de même, sinon plus, pour les services publics, qui sont le socle de la société.
Dans les écoles, l’automne prochain, nous aurons besoin de matériel, oui, notamment d’un Québec branché sur l’ensemble du territoire. Cela a toujours été reporté, entre autres parce que les grandes compagnies de télécommunication n’y voient pas de sources de profit, en témoignent les coûts exorbitants d’un branchement Internet en région : « Bas les masques ! »
Mais ce dont nous aurons le plus besoin dans les écoles cet automne,ce n’est pas d’une abondance d’outils technologiques, c’est de ressources humaines et de conditions de travail permettant un enseignement de qualité. L’enseignement, c’est d’abord et avant tout une relation humaine, une transmission vivante, une relation de confiance et de proximité qui s’accommode bien mal des écrans, encore plus pour les élèves, les étudiantes et les étudiants les plus vulnérables. Le système d’éducation aura besoin, plus que jamais, d’un financement à la hauteur de ses besoins !
On nous dit vouloir (enfin) prendre soin de nos aînés, de celles et ceux qui ont bâti notre Québec moderne : inspirons-nous de leur Révolution tranquille et redonnons toute leur place aux services publics pour un retour aux racines d’un Québec solide qui croit à la solidarité !
* Ce texte est appuyé par près de 200 personnes, la majorité étant des enseignants au collégial et à l’université.