Les étudiants internationaux, les oubliés de la pandémie

«Les étudiants internationaux restent les grands oubliés des points de presse des premiers ministres», affirme l'autrice.
Photo: iStock «Les étudiants internationaux restent les grands oubliés des points de presse des premiers ministres», affirme l'autrice.

Avec la fermeture des écoles et des universités relativement au confinement décrété par les différents ordres de gouvernement, les étudiants internationaux ont désormais été priés de communiquer avec leur consulat général ou ambassade. Loin de leurs proches, confrontés à la fermeture successive de l’espace aérien ou à l’augmentation éhontée des prix des vols par les compagnies d’aviation civile, si certains de ces étudiants ont été ou sont en mesure de quitter le Canada, d’autres n’en ont pas la possibilité. Parmi ceux qui resteront au pays, tous n’auront guère les moyens matériels et moraux de survivre en attendant la fin d’un confinement dont personne ne peut encore estimer la durée.

En ces temps décisifs, chacun des ordres de gouvernement a adopté des mesures économiques afin de soutenir financièrement les membres de la population les plus frappés par les dommages collatéraux de cette crise inédite et les encourager à suivre les directives de confinement.

Cependant, les étudiants internationaux restent les grands oubliés des points de presse des premiers ministres. La prise en compte de leur sort incombe pourtant politiquement aux gouvernements des différentes provinces qui les ont accueillis. Leur situation relève de la responsabilité sociale des membres chargés de la gouvernance des universités et de la responsabilité pédagogique des professeurs, notamment dans le contexte où, appelés à offrir leur enseignement en ligne, ces derniers doivent s’assurer de l’équité entre les membres de leur groupe-classe.

La situation des étudiants internationaux est un enjeu de justice sociale et distributive. Avec la fermeture des services non essentiels et des universités, certes nécessaire pour enrayer la pandémie, certains ont perdu leur emploi sans pouvoir recourir aux mesures gouvernementales réservées aux Canadiens et aux résidents permanents. De plus, plusieurs établissements ayant décrété la fermeture de leurs résidences universitaires, nombre d’entre eux sont invités à quitter les lieux dans un flou total quant aux mesures d’ajustement possibles. Où iront-ils s’ils ne peuvent rentrer dans leur pays ni se trouver une chambre en ville ?

Prévoir des mesures

 

Ces situations dramatiques appellent des mesures politiques spécifiques afin d’éviter que la perte de leurs moyens de subsistance ne se double de celle d’un logement pourtant nécessaire au confinement. Par ailleurs, il importe de s’assurer que ces étudiants feront face aux dommages psychologiques de cette pandémie. Comment aider ceux qui resteront ici face à l’impossibilité de se munir d’un billet de retour au prix exorbitant ou à l’absence d’aide de leur gouvernement en pleine gestion de la crise liée à la COVID-19 ? Les étudiants internationaux ont un statut légal qui les autorise à rester au Canada.

Rappelons que ceux qui pourront rentrer chez eux sont pour la plupart issus des pays les plus développés économiquement, dont les ambassades organisent actuellement le rapatriement. Ces derniers, de retour, auront un accès facile aux cours en ligne. En admettant que ceux de pays plus défavorisés regagnent leurs contrées, pourront-ils poursuivre leur apprentissage en ligne ? Les étudiants venant des « Global South » seront confrontés à l’absence de développement de réseaux Internet, aux coûts exorbitants de ceux-ci ou au manque de réseau d’électricité fiable. Après avoir payé des cours en présentiel, pourront-ils poursuivre ailleurs ce qu’ils sont venus accomplir ici ? Nos décideurs politiques et universitaires ne semblent pas avoir évalué les contextes dans lesquels, ici et ailleurs, les étudiants internationaux sont et seront placés, notamment celui de la fracture numérique.

La situation actuelle des étudiants internationaux révèle les impensés de la marchandisation de l’enseignement supérieur qui s’est conjuguée avec l’indifférence envers les contextes postcoloniaux d’où proviennent certains de nos étudiants.

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