Je suis tout sauf un raciste

Depuis le début du blocus ferroviaire touchant le pipeline de Coastal GasLink en Colombie-Britannique, je suis l’un des seuls commentateurs québécois à avoir défendu sans arrière-pensée la position des Autochtones. Ceux qui me connaissent n’en ont pas été autrement étonnés.
J’ai toujours professé que la grande tache dans l’histoire de la démocratie canadienne était notre relation avec les Autochtones, dont l’origine remonte à l’adoption, en 1876, de la Loi sur les Indiens, qui s’est d’abord malencontreusement appelée « Loi sur les Sauvages ». Le modèle des réserves, issu de cette loi, a directement inspiré le honteux régime de l’apartheid qui a sévi en Afrique du Sud pendant plus de quatre décennies.
Ces dernières semaines, j’ai fréquemment rappelé, dans le cadre de mon intervention quotidienne à l’émission Drainville PM à la radio du 98,5, le sort inacceptable que nous avons réservé à nos Premières Nations.
Comme d’autres, j’ai dénoncé, ces derniers jours, les vaines palabres du premier ministre Justin Trudeau qui se gargarise de réconciliation mais qui — comme hélas bien d’autres avant lui — n’a pas le courage politique nécessaire pour abolir la loi de 1876, qui est la cause première de tous ces malheurs, et rétablir nos relations avec les Autochtones sur de nouvelles bases.
Voilà le discours que je tiens depuis longtemps, aussi bien en privé qu’en public. Je suis tout sauf un raciste. Et quand j’ai lu sur le site Web du Devoir — un journal pour lequel j’éprouve généralement le plus grand respect — « Luc Lavoie suggère “un coup [de pistolet] entre les deux yeux des Autochtones” », je me suis demandé dans quel esprit tordu une telle affirmation aussi absurde que mensongère avait pu naître.
Lors de cette émission du 17 février dernier, je n’ai rien suggéré du tout. J’évoquais simplement le fait que, comme le blocus avait lieu sur le territoire du Canadien National, celui-ci devrait commencer par y envoyer son propre service de police et juger ensuite de la situation au lieu de s’en laver les mains.
C’est alors que mon camarade Drainville a laissé entendre que la police du CN ne disposait peut-être pas des armes nécessaires pour intervenir, seulement « des .38, des .45 ». J’ai ensuite simplement voulu expliquer que ce corps policier était pourvu d’armes comme tous les autres. Évidemment, je l’ai fait dans un langage trop ambigu qui a été amplifié au point que certaines personnes ont choisi d’y voir les égarements d’un raciste malade assoiffé de sang.
Plus récemment, dans Le Journal de Montréal, une blogueuse s’est érigée en parangon de moralité publique pour décrire mon propos comme « ordurier » et invoquer le « sens des responsabilités » dont je n’aurais pas fait preuve. Mais sa responsabilité élémentaire à elle aurait peut-être été de prendre la peine de faire les vérifications nécessaires avant de me présenter comme un fou hors de contrôle.
Car elle, comme la plupart des gens qui ont fait écho à ces propos, n’a pas cherché à obtenir ma version des faits ni même à écouter l’ensemble de mon intervention de ce jour-là, laquelle totalisait 15 minutes. Il est très évident qu’elle n’a écouté que 40 secondes de cette intervention.