Commémorer l’Holocauste afin de lutter contre l’antisémitisme

Aujourd’hui, nous marquons le 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau en cette Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste instaurée par les Nations unies.
Chaque année, nous honorons la mémoire des victimes tuées pendant la Shoah, qui se distingue comme étant probablement la pire barbarie jamais perpétrée par l’homme à l’égard de l’homme. Chaque année, nous sommes confrontés à la difficile tâche de ne pas devenir insensibles, avec le temps, à la monstruosité de la Shoah.
La leçon éternelle de la Shoah réside dans le fait que ce génocide ne s’est pas réalisé du jour au lendemain. Il a connu sa genèse dans une idéologie de la haine qui s’est développée à petit feu au coeur de l’Europe, dans l’une des civilisations des plus avancées du point de vue de la science, de la théologie, de l’industrie et des arts, dans le pays de Bach et Beethoven, de Kant et Hegel.
Cet enseignement du mépris, cette diabolisation de l’autre, c’est par là que tout a commencé. Non, la Shoah n’a pas débuté dans les chambres à gaz d’Auschwitz en 1941, mais bien avant, avec des paroles de haine de Berlin à Hambourg dans les années 1920 et 1930, les lois de Nuremberg de 1935, le pogrom de la Kristallnacht en 1938, jusqu’à ce que la « solution finale » de l’extermination systématique des Juifs européens soit formulée.
Cette transformation a pu s’accomplir principalement à cause de l’indifférence. Il est donc de notre responsabilité collective de briser les murs de l’indifférence envers toute forme de haine.
La haine, l’intolérance et les préjugés qui ont engendré la Shoah n’ont pas disparu. La recrudescence des attaques et des incidents antisémites au Canada et ailleurs montre qu’il faut continuer d’agir et de sensibiliser le public.
Les données de Statistique Canada nous confirment que les Juifs sont le groupe ethnoculturel le plus fréquemment ciblé en ce qui concerne les crimes haineux, que les crimes antisémites ont augmenté de 63 % entre 2016 et 2017 et que les années 2017 et 2018 constituent les deux années records en nombre de crimes antisémites depuis une décennie. Ces données nous rappellent la nécessité de rester fermes et de prendre des mesures décisives contre le fléau de l’antisémitisme.
Alors, pourquoi l’antisémitisme ? Les spécialistes dans le domaine le disent tous : l’antisémitisme est le baromètre de la haine dans nos sociétés. Avancer les enjeux d’antisémitisme fait avancer la lutte contre toutes les formes de racismes et de haines.
Comme gouvernement de proximité, la Ville de Montréal est sur les premières lignes dans la lutte contre la haine. Au quotidien, elle mène des actions afin de prévenir la discrimination, de promouvoir l’inclusion et de combattre les crimes et incidents haineux.
Aujourd’hui, au conseil municipal, je proposerai l’adoption d’une définition commune de l’antisémitisme formulée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Bien qu’une définition puisse sembler évidente, cela a pris 12 ans pour que 31 pays puissent trouver un consensus. Cette définition assure une compréhension commune du phénomène de l’antisémitisme dans toutes ses formes, avec des exemples illustratifs.
Elle permet de s’assurer que différentes parties prenantes à la Ville de Montréal sont sur la même longueur d’onde pour reconnaître et comprendre l’antisémitisme, faciliter la collecte de données à des fins d’analyses comparatives et oeuvrer en matière de prévention et d’éducation.
Je ne peux penser à une meilleure façon d’honorer la mémoire des victimes de la Shoah qu’en adoptant une définition de l’antisémitisme qui aidera à réduire ce fléau sociétal en cette journée des plus symboliques.