Pour Québec solidaire, la souveraineté est un moteur de la lutte sociale

«L’émergence de [Québec Solidaire] QS et par la suite sa croissance ont été rendues possibles par la faillite du Parti québécois (PQ)», affirme l'auteur.
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne «L’émergence de [Québec Solidaire] QS et par la suite sa croissance ont été rendues possibles par la faillite du Parti québécois (PQ)», affirme l'auteur.

À deux reprises M. Louis Fournier s’est livré à un réquisitoire contre Québec solidaire (QS), dans ses opinions publiées les 28 décembre et 18 novembre derniers. Dans son plus récent texte, il se revendique de la convergence des souverainistes, tout en exprimant des jugements de valeur sur QS, ses membres et sa direction qui relèvent d’une chasse aux sorcières. Son ton et les accusations qu’il porte donnent à eux seuls bien peu de crédibilité à son argumentaire prétendant viser une convergence des souverainistes.

J’ai été membre de la direction de Québec solidaire, soit au comité de coordination national et au comité exécutif, pendant six ans, de 2012 à 2018. Je fais partie de ceux et celles qui ont fondé ce parti. L’émergence de QS et par la suite sa croissance ont été rendues possibles par la faillite du Parti québécois (PQ) à répondre aux aspirations sociales de la population et par le cul-de-sac de sa stratégie souverainiste, ce à quoi QS s’est attelé. Il ne s’agissait pas d’un coup de tête, nous avons mis plus de dix ans à construire notre programme et notre structure au moyen d’un et parfois de deux congrès par année.

Cela ne nous a pas empêchés d’avoir des discussions en congrès concernant la possibilité de créer des alliances électorales à trois reprises, lors des élections de 2012, de 2014 et de 2018, et je tiens à rappeler que nous avons fusionné avec Option nationale (ON) en 2017.

Mais revenons plus précisément sur les événements qui ont précédé l’élection de 2018 auxquels M. Fournier fait allusion. Il est vrai que nous avons eu des discussions au sein des OUI Québec [Organisations unies pour l’indépendance, NDLR] concernant la convergence des souverainistes.

La feuille de route des OUI Québec d’avril 2016 proposait à l’origine une phase I, de juin 2016 à janvier 2017, qui portait sur l’élaboration d’une proposition conjointe d’accession à l’indépendance avec des propositions à faire adopter aux congrès prévus de chaque parti, soit QS en mai 2017, le PQ possiblement en juin et ON à définir. Cette étape devait être suivie d’une phase II à l’automne 2017 portant sur l’élaboration d’un consensus en vue d’assurer l’élection d’une majorité d’indépendantistes.

La démission de Pierre Karl Péladeau en mai de la même année a modifié la situation. Les OUI Québec avaient ainsi informé QS qu’ils étaient conscients des changements d’orientation que cela pouvait entraîner et avaient pris la décision de suspendre temporairement les travaux jusqu’à l’élection du nouveau chef du PQ.

En octobre 2016, les OUI Québec informaient la direction de QS que la deuxième phase des travaux visant à dégager un consensus autour de la question « comment faire élire une majorité de députés indépendantistes à l’Assemblée nationale lors de l’élection de 2018 ? » ne se posait plus avec la même urgence après l’élection de Jean-François Lisée à la tête du PQ. Par conséquent, ils proposaient de retirer cette « deuxième phase » pour se concentrer entièrement sur la recherche d’un mode d’accession commun à l’indépendance.

Ainsi, même les OUI Québec étaient forcés de constater de façon pragmatique que l’indépendance n’était plus à l’ordre du jour pour le PQ, et par conséquent ils ne pouvaient plus maintenir la perspective d’élection de députés indépendantistes pour 2018. Les discussions ne pouvaient donc porter que sur un mode d’accession à l’indépendance, dans un avenir relativement lointain si on considérait le programme de Lisée. Alors, quelle était donc l’urgence, de ce point de vue, de conclure si rapidement une discussion aussi hypothétique à laquelle Lisée ne donnait pas la priorité ?

Cette discussion sur la feuille de route à laquelle on a donné tant d’importance n’avait donc pour Lisée qu’un but stratégique. On était à des années-lumière d’une quelconque intention de lancer un débat sur l’avenir du Québec.

D’autre part, on ne peut parler d’alliance électorale sans considérer les orientations politiques respectives des partis. À cet égard, les décisions du PQ concernant l’environnement, les pétrolières, les droits sociaux et la perspective d’indépendance sont fort différentes, sinon en opposition, particulièrement en ce qui concerne l’inclusion de tous les membres de la société québécoise.

La charte des valeurs défendue par le PQ puis par le Bloc québécois a contribué à rendre légitimes et à amplifier les préjugés concernant les personnes provenant des minorités ethnoculturelles, ce qui va à l’encontre des notions de justice et d’équité. En ce qui concerne Québec solidaire, le Québec que nous voulons construire appartiendra aux hommes et aux femmes qui y vivent et ceux-ci bénéficieront de droits égaux.

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