Les pesticides, un outil de développement de l’agriculture durable

«Un sol non travaillé contient davantage de matières organiques et possède une grande capacité d’absorption d’eau», rappelle l'auteur.
Photo: iStock «Un sol non travaillé contient davantage de matières organiques et possède une grande capacité d’absorption d’eau», rappelle l'auteur.

La Commission parlementaire sur les répercussions de l’utilisation des pesticides sur la santé publique et l’environnement tenue récemment à Québec a suscité beaucoup de discussions. Bien qu’elle ait permis de mettre de l’avant les pratiques et les enjeux des agriculteurs, la Commission n’a pas répondu d’une manière satisfaisante aux doutes du public quant au rôle et à la position de l’industrie des pesticides sur la question.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que les pesticides sont des outils indispensables pour les agriculteurs et la production alimentaire, les aidant à adopter des pratiques qui leur permettent d’être plus productifs, mais aussi et surtout de mieux protéger l’environnement grâce à des méthodes d’agriculture durable.

Nous sommes dans une ère de fausses nouvelles et de polarisation de l’information, et je constate que notre industrie ne fait pas exception à ce phénomène. En tant que président-directeur général de CropLife Canada, qui représente les fabricants, concepteurs et distributeurs canadiens de produits antiparasitaires et de la sélection végétale moderne, il est de ma responsabilité de prendre part à la conversation afin de mieux faire comprendre les réalités du travail de nos agriculteurs et l’importance de garder nos terres en santé […].

Un rôle de protection

 

Comme l’a expliqué M. Jocelyn Michon, un agriculteur expérimenté, dans son mémoire déposé à la Commission : « La santé du sol ne tient pas tant au fait qu’on utilise ou pas des intrants [tels des pesticides], mais plutôt à notre capacité d’améliorer le milieu de vie des organismes qui l’habitent. » Il préconise l’approche des « sols non travaillés », c’est-à-dire le fait de limiter le labourage et le recours à la machinerie lourde pour venir à bout des mauvaises herbes.

La réalité est qu’un sol non travaillé est en meilleure santé, car il contient davantage de matières organiques et possède une grande capacité d’absorption d’eau, ce qui protège les terres contre les ravageurs. L’utilisation des herbicides est une alternative au labourage, qui permet de limiter le travail des sols, une méthode qui mène ultimement à un meilleur rendement et une meilleure santé des terres.

Sur la base du témoignage de M. Michon, CropLife est entièrement en faveur de sa recommandation, soit de mettre en place des politiques visant le rétablissement de la santé des sols plutôt que de fixer des objectifs arbitraires pour réduire l’utilisation des pesticides.

Bilan environnemental

 

Les produits de protection des cultures ont participé à la révolution verte des années soixante, période marquant l’adoption de nouvelles technologies ayant démontré leur capacité à répondre aux grands enjeux environnementaux. Ils ont permis d’une part aux agriculteurs un meilleur contrôle de l’approvisionnement en eau, une réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre et de leur consommation de carburant en réduisant le travail de machinerie lourde dans les champs.

D’autre part, les pesticides, en permettant un travail réduit du sol, améliorent sa qualité pour le rendre moins vulnérable à l’érosion éolienne et hydrique, et par le fait même, apte à capturer le carbone. Les pesticides font ainsi partie intégrante du succès environnemental historique du secteur de l’agriculture au Québec.

Fait : les pesticides sur le marché aujourd’hui utilisent 95 % en moins d’ingrédients actifs par acre qu’il y a 60 ans. Grâce aux nouvelles technologies intelligentes utilisées par notre industrie, nous sommes en mesure de développer des produits plus sûrs et plus ciblés que jamais.

Ce faisant, les agriculteurs québécois peuvent utiliser nettement moins de pesticides, les appliquant exactement au bon endroit et au bon moment, tout en obtenant un meilleur rendement et en réduisant leur empreinte écologique.

 

Tout n’est pas blanc ou noir et il est vrai que la question de l’utilisation des pesticides est complexe mais, si nous voulons réussir à contrer les changements climatiques, nous devons prendre le temps d’analyser les faits ensemble et mettre de côté nos idées préconçues. Sans quoi, des compromis d’ordre économique, de développement durable ou de productivité seront incontournables […].

Les agriculteurs n’ont pas à se cacher d’utiliser des pesticides. Ils le font pour la population, la pérennité de leurs terres, ainsi que pour la sauvegarde des sols. Et ils le font avec une approche d’amélioration continue et une cons-cience environnementale.

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