Sortir la culture des sentiers battus

J’ai entendu un jour Gilles Vigneault dire en entrevue : « Plus on est local, plus on est international. » C’est exactement ce qui se passe ici à Saint-Antoine-sur-Richelieu.
J’assiste depuis 7 ans, dans mon beau village de Saint-Antoine-sur-Richelieu, à un festival unique nommé Chants de Vielles.
Ce très grand petit festival soutenu par 150 bénévoles résonne fort dans le milieu de la musique traditionnelle et se présente avec une facture culturelle internationale qui fait converger presque à égalité de parts jeunes et gens plus âgés.
Festival incontournable
Son esthétisme et ses belles manières rendent ce festival incontournable dans La Vallée-du-Richelieu.
Un festival rassembleur à échelle humaine qui sait faire vibrer un petit village de 1600 habitants et qui résonne bien loin d’ici. Cent cinquante bénévoles prêtent main-forte pour bien recevoir les artistes invités et pour répondre aux besoins professionnels d’un tel événement. Un travail titanesque de la part du Vent du Nord et de sa petite équipe.
Quel bonheur d’entendre sur notre quai et sous la voûte étoilée les artistes invités d’horizons et d’identités multiples qui nous racontent les origines musicales de leur folklore. Ces soirées mettent en valeur la richesse des maillages qui sous-tendent nos traditions musicales depuis la France en passant par l’Irlande, l’Écosse, l’Angleterre, les États-Unis, les pays nordiques et de nombreuses autres filiations susceptibles de s’intégrer aux chansons, contes et musiques de chez nous et de les enrichir.
Valeurs de proximité
Je souhaite à tous les villages et villes du Québec de pouvoir organiser des activités ou des festivals comme Chants de Vielles, des événements qui rassemblent son monde et qui correspondent aux valeurs de proximité et de décroissance que la planète nous commande en ce moment.
Malheureusement, le financement est encore trop lié aux seuls gros événements avec un nombre exagéré de visiteurs ou des retombées économiques monstres. L’expression culturelle dans ses formes plurielles et originales ne semble pas être dans la mire du gouvernement ni dans ses intentions. Trouver du financement pour de tels événements relève de la croix et de la bannière.
Encourager davantage et mettre en priorité les événements locaux et régionaux nous semble la meilleure façon de miser sur les spécificités de chaque patelin, phénomène qui attire de plus en plus les touristes qui ne cherchent plus nécessairement les grosses foules et les chambres d’hôtel chères.
Un festival comme le nôtre contribue de manière forte à la reconnaissance de nos identités culturelles dans nos territoires. En cela, il s’oppose à cette logique d’aujourd’hui qui tend à privilégier les grands déploiements souvent urbains.
Nous ne pouvons que demander aux instances gouvernementales de donner priorité à cette façon de faire la différence.
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