Les faits sur la rémunération des médecins

J’ai pris connaissance avec étonnement, mercredi matin, de l’article « Une entente de 4 milliards avec les spécialistes ». Ce texte sous-entend que le gouvernement du Québec a véhiculé des chiffres erronés concernant l’entente conclue avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ).
Le gouvernement a toujours été transparent dans la gestion de ses ententes, tant avec les fédérations médicales qu’avec la fonction publique. Je l’ai dit à plusieurs reprises, ce sont des montants importants et la population a le droit d’y avoir accès.
Ces ententes sont également disponibles en ligne. Au surplus, les données concernant la rémunération des médecins sont également exposées dans le dernier budget.
Je tiens à rappeler que les ententes avec les fédérations médicales ont été négociées avec deux objectifs :
stabiliser à 20 % la part des dépenses de rémunération médicale dans le budget global du ministère de la Santé et des Services sociaux ;
prévoir une croissance moyenne des dépenses liées à la rémunération des médecins à 3 % annuellement.
Les ententes conclues permettent donc qu’un dollar sur cinq des dépenses en santé aille à la rémunération des médecins. Cette proportion est d’ailleurs comparable à celle du reste du Canada.
Nous nous acquittons donc de sommes que nous nous étions engagées à verser au fil du temps et plafonnons son évolution pour les années à venir. À cela, nous avons demandé aux médecins spécialistes d’abandonner une clause salariale qui nous permet d’économiser 3 milliards de dollars.
Il faut faire preuve de prudence dans l’interprétation des ententes intervenues. Le gouvernement du Québec ne consent pas des hausses salariales de 4 milliards aux médecins spécialistes. Il est complètement faux de prétendre une telle chose.
Il serait par ailleurs inexact d’additionner comme certains ont pu le faire les montants des ententes passées avec les engagements à venir. Je veux être clair : les augmentations salariales des années futures des médecins se comparent à celles du reste des employés de l’État. Les enveloppes des médecins omnipraticiens et des médecins spécialistes évolueront respectivement pour les huit prochaines années de 1,8 % et 1,4 %.
En terminant, je tiens à rappeler que l’entente avec la FMSQ se traduira par des gains majeurs pour la population. La Fédération s’engage à financer à même les montants qui lui sont attribués 105 millions, notamment :
un plan national pour éviter tous bris de services dans toutes les spécialités de base, et ce, partout sur le territoire québécois ;
la prise en charge des frais liés aux échographies dans les cabinets privés ;
l’augmentation de l’accès à l’imagerie par résonance magnétique.
En plus de respecter les objectifs de négociations fixés sur le plan financier, notre gouvernement a réussi à négocier une entente au bénéfice de la population.
Réponse de la journaliste
La hausse de l’enveloppe des médecins spécialistes sera, à terme, en 2023, de 1 milliard annuellement par rapport à 2015-2016, incluant le coût de nouveaux médecins et services.
L’accord-cadre permet de calculer que, sur la durée totale de l’entente (de 2015-2016 à 2022-2023 pour le récurrent, 2026-2027 pour la dette), plus de 4 milliards auront été versés. Il s’agit de la somme de la dette (non récurrent) envers les médecins spécialistes (1,5 milliard), des augmentations récurrentes (2 milliards) et de l’augmentation de 2 % pour les nouveaux médecins (100 millions par an). Tant les fonctionnaires du Conseil du trésor que le négociateur de la FMSQ l’ont confirmé au Devoir. Le ministre a reconnu, mercredi, que c’étaient « les bons chiffres », mais que « ça dépend de la façon » de les interpréter.
La méthode de calcul utilisée est la même qui permet au gouvernement d’affirmer qu’il économise 3 milliards de dollars sur la durée de l’entente.
L’information d’un coût de 2 milliards pour la durée de l’entente a été inférée erronément par les médias alors que le texte de l’entente n’était pas disponible. Il a fait la une des journaux et été mentionné à heure de grande écoute à Tout le monde en parle. Le Devoir n’a fait que son travail journalistique de vérification.
Amélie Daoust-Boisvert