Trump, dernier rempart à l’annexion des colonies de Cisjordanie?

Les dernières nouvelles sont que le premier ministre d’Israël, Benjamin Nétanyahou, aurait proposé ou discuté d’un plan d’annexion des colonies de Cisjordanie avec des représentants de la Maison-Blanche, une assertion vite démentie par cette dernière et aussi par un haut responsable israélien. Comment interpréter ce cafouillage ?
Il faut rappeler que des membres des partis de droite/extrême droite faisant partie de la coalition gouvernementale dirigée par Benjamin Nétanyahou ont tenté plusieurs fois de présenter des projets de loi à la Knesset visant à annexer les ou des territoires de Cisjordanie. Ainsi, il y a quelques jours, un projet de loi soutenu par le Likoud (le parti majoritaire de Nétanyahou) et La Maison juive, parti d’extrême droite et membre de la coalition, proposait l’annexion des colonies de Cisjordanie. Plus tôt, un autre projet de loi de l’extrême droite proposait l’annexion de la grosse colonie de Ma’aleh Adumim, près de Jérusalem. Un autre proposait d’intégrer à la municipalité de Jérusalem des colonies environnantes, mais sans les annexer.
Ces projets ont été retirés à la suite de l’opposition de Nétanyahou, qui craignait à juste titre d’incommoder le président Donald Trump. En effet, la Maison-Blanche a envoyé des messages clairs à Nétanyahou disant que ces initiatives étaient malvenues car elles mettaient en danger le plan de paix de Trump, aujourd’hui moribond.
Nétanyahou s’est toujours retranché derrière l’opposition prévisible de la Maison-Blanche pour freiner les ardeurs annexionnistes de sa coalition.
Il faut rappeler qu’il existe une doctrine Trump sur la colonisation, avalisée par le gouvernement Nétanyahou et le lobby des colons, visant à restreindre l’expansion des colonies. Selon cette doctrine, le gouvernement israélien n’autorisera les constructions de colonies qu’à l’intérieur des parties habitées des colonies existantes en Cisjordanie, ou si cela n’est pas possible, à leur proximité immédiate. Cette doctrine est respectée, mis à part la récente implantation d’Amona qui bénéficiait d’une clause grand-père [de droits acquis].
Des gestes nécessaires
À ce jour, Nétanyahou a résisté aux tentatives des partis de droite/extrême droite, dont son parti, de faire voter des lois visant l’annexion de ou des colonies de Cisjordanie. Pour justifier ses gestes, il disait qu’ils étaient nécessaires pour soi-disant « coordonner ces initiatives » avec la Maison-Blanche et préserver « l’actif stratégique » que représente le soutien solide des États-Unis à Israël dans le processus de paix. Ce n’est pas la première fois que Nétanyahou utilise ce type d’argument depuis que Trump a demandé à Israël de freiner la colonisation en Cisjordanie.
Pour la première fois, Trump a exprimé des doutes sur la volonté d’Israël de faire la paix, alors qu’en ce qui concerne les Palestiniens, il est d’avis qu’ils n’en veulent pas. Il a ajouté que, à la suite de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par les États-Unis, Israël « devra payer un prix diplomatique ». L’Autorité palestinienne n’en est pas convaincue puisqu’elle rejette le rôle des États-Unis comme médiateur principal dans le processus de paix.
En fait, Trump constitue le dernier rempart à l’annexion des colonies de Cisjordanie ou à la création de nouvelles colonies. Il n’existe pas d’autres chefs d’État capables d’influer sur la politique de colonisation d’Israël. La police israélienne vient d’émettre des recommandations accusant Nétanyahou de corruption. Ce dernier a répondu que ces accusations n’auront aucun effet sur sa volonté de se présenter aux prochaines élections. On peut penser que, Nétanyahou se sentant affaibli par les rumeurs d’accusation circulant depuis plusieurs mois, maintenant une réalité, il a besoin plus que jamais de l’appui de son parti et de sa coalition, et pour cela il est prêt à jongler avec les idées annexionnistes même s’il n’a pas la marge de manoeuvre internationale, particulièrement auprès des États-Unis, pour appliquer une telle politique.