Le Québec mérite mieux que la médiocrité

Depuis son élection en 2014, le Parti libéral s’est donné pour mandat d’atteindre l’équilibre budgétaire. Contre vents et marées, il a poursuivi avec conviction et détermination sa quête du déficit zéro. Fier d’avoir atteint son principal objectif, il se pavane sur la place publique en affirmant sa compétence à gérer un budget et en distribuant au peuple quelques cadeaux avant Noël, en préparation des prochaines élections.
Bien sûr, l’équilibre budgétaire est important pour la santé des finances publiques. Mais est-ce ce qui devrait orienter l’ensemble des décisions d’un gouvernement ? Surtout, est-ce une finalité louable pour un État ? Si la comparaison de l’État avec une entreprise s’avère simpliste et fallacieuse, il m’apparaît pertinent ici de l’utiliser comme métaphore pour montrer le non-sens de l’équilibre budgétaire comme priorité politique. Quelle entreprise a pour finalité première l’équilibre budgétaire ? Les entreprises ne visent-elles pas plutôt le profit, le développement, le rayonnement, la pérennité ? En fait, les finances, le budget, ne sont-ils pas avant tout des moyens pour réaliser des objectifs et des projets ?
Si une entreprise souhaite développer un service ou un produit, n’essaiera-t-elle pas de trouver les moyens financiers pour réaliser son projet, tout en s’assurant d’atteindre ses objectifs, comme faire du profit ? Par ailleurs, on dira qu’une entreprise doit être à l’écoute des besoins du marché et ajuster son offre de services ou de produits en fonction de ceux-ci si elle souhaite durer et prospérer. Sans cela, elle sera contrainte de faire des coupes, des mises à pied, en plus de risquer la faillite. Évidemment, un État n’a pas les mêmes finalités et responsabilités qu’une entreprise : gardien du bien commun, comme l’environnement, la culture et les services publics, il doit également viser la satisfaction de l’intérêt général, c’est-à-dire la réponse aux besoins sociaux de sa population, dont l’éducation et la santé.
Écouter la population
Alors que les besoins en matière d’éducation et de santé de la population québécoise n’ont pas diminué au cours des dernières années et que des améliorations en matière de services publics étaient même demandées, pourquoi le gouvernement libéral a-t-il fait des coupes dans ces secteurs ? Pourquoi n’a-t-il pas cherché les moyens financiers requis pour améliorer les services publics ? Est-ce parce qu’il n’était pas à l’écoute des besoins sociaux de sa population ? Est-ce parce qu’il est complice du déclin des services publics et de l’enrichissement des plus fortunés au détriment de la classe moyenne et des plus démunis de la société ? « Les coupes ont touché les plus vulnérables, admet Couillard » (Le Devoir, 23 septembre 2015).
Certains comparent aussi le gouvernement libéral à un père de famille. Il s’agit encore une fois d’une comparaison simpliste et fallacieuse. Entre autres, c’est nous considérer comme des enfants, et non comme des citoyens et des égaux. En outre, c’est croire qu’un style paternaliste, autoritaire, est préférable à la démocratie, tant pour une famille que pour un État. Néanmoins, qui voudrait d’un père qui priorise l’équilibre budgétaire avant le bien-être des membres de sa famille ? « Désolé, mes enfants, mais l’homéostasie des finances familiales passe avant votre santé et votre éducation. » Et qui voudrait d’un père qui n’est pas à l’écoute des besoins des membres de sa famille, qui fragilise les liens familiaux ou qui est inéquitable avec ses enfants ?
C’est ainsi que nous, les Québécoises et les Québécois, sommes gouvernés par un parti politique qui n’aspirait pour nous qu’à l’atteinte de l’équilibre budgétaire. Quelle finalité médiocre pour un État ! Cette réalité m’attriste et m’indigne. Mon seul espoir repose sur mes concitoyens. J’espère qu’une masse critique de gens osera affirmer haut et fort que le Québec mérite mieux que la médiocrité.