Valérie Plante fera-t-elle mieux que Denis Coderre pour la salubrité des logements?

Au lendemain de la victoire de Projet Montréal et à la lecture de son programme électoral, est-il permis d’espérer une amélioration des conditions de vie des locataires de Parc-Extension et de Montréal ? Dans son programme électoral, le nouveau parti au pouvoir à la Ville de Montréal et dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension promet d’« améliorer l’inspection municipale, la salubrité et la sécurité des logements ».
Pour ce faire, Projet Montréal envisage notamment de « mettre en oeuvre un programme d’inspection préventif et ciblé » et de créer une nouvelle équipe de 30 inspecteurs spécialisés, de « favoriser le signalement et l’identification des cas d’insalubrité et assurer un suivi adéquat des plaintes fondées », de « réviser les montants des amendes et le mécanisme judiciaire » afin de rendre ces démarches plus coercitives et de « rendre publiques et facilement accessibles par le biais d’un registre en ligne les condamnations pour les cas d’insalubrité ».
Voilà de belles idées et de belles promesses liées à cette victoire électorale, déjà qualifiée d’historique et qui constituerait un véritable « vent de changement » pour Montréal. Félicitations à la première mairesse de Montréal. Félicitations également à Projet Montréal, qui gagne la majorité des mairies d’arrondissement et du conseil municipal. Pour ce parti qui n’avait jusque-là jamais été porté au pouvoir, il s’agit peut-être d’un moment historique. Mais en sera-t-il de même pour les locataires qui vivent encore aujourd’hui, à Montréal, 375 ans après sa fondation, dans des conditions qui feraient frémir bien des citoyens qui se sont rendus aux urnes dimanche dernier ?
Grande pompe
Pardonnez notre manque d’empressement à célébrer cette « victoire du progressisme » sur la scène politique montréalaise, mais à Parc-Extension comme ailleurs à Montréal, les locataires semblent avoir d’excellentes raisons de douter que le plan électoral de Projet Montréal se traduira un jour en une amélioration de leurs conditions de vie. L’administration Coderre nous avait elle-même habitués à des déclarations faites en grande pompe afin d’annoncer sa volonté de sévir contre les propriétaires délinquants ou d’améliorer les services d’inspection en matière de salubrité des logements. Malheureusement, ces promesses n’ont jamais entraîné de changements concrets dans les pratiques des autorités municipales.
Pendant ce temps, dans les appartements trop cher payés de Parc-Extension, les locataires continuent de vivre dans des conditions tout simplement inacceptables. Sur le boulevard de l’Acadie et rue Birnam, des immeubles sont infestés de rats qui s’infiltrent dans les logements, suivant le manque de diligence du propriétaire dans l’entretien des 18 immeubles qu’il possède dans le quartier.
Malgré le fait que l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension a été mis au courant de la présence de rats autour et dans ces immeubles en mai dernier, les autorités municipales ont mis plusieurs mois avant de daigner réagir et, plus de six mois plus tard, des locataires sont toujours aux prises avec ces rongeurs qui représentent de graves risques pour leur santé et leur sécurité. C’est sans compter les autres problèmes qui affligent ces locataires sur une base quotidienne : souris, coquerelles, punaises de lit, entretien défaillant, intimidation de la part du propriétaire…
Favoriser la présence de plus d’autobus sur les routes de la métropole plutôt que le financement d’un nouveau stade de baseball ? Très bien. Promouvoir la construction d’une nouvelle ligne de métro ? D’accord. Mais pouvons-nous d’abord nous assurer d’investir toutes les ressources nécessaires afin de garantir aux locataires de Montréal des logements sécuritaires, sans vermine et sans moisissure.
Il est intéressant qu’un parti disant incarner le progrès soit maintenant au pouvoir à Montréal. Reste à voir si un vent de changement sur la scène politique municipale peut avoir un impact véritable sur la vie de ceux et celles qui se sentent aujourd’hui complètement abandonnés par la Ville de Montréal et ses arrondissements dans leur lutte pour des logements décents. Bref, pour les locataires de Montréal, contrairement à Denis Coderre, Valérie Plante sera-t-elle « l’homme de la situation » ?