Ottawa devrait choisir la santé

Les Canadiens, Québécois inclus, sont fiers du caractère public des systèmes de santé sur lesquels ils peuvent compter, peu importe la province de résidence. C’est certainement, et de loin, le premier élément de solidarité associé à la citoyenneté canadienne.
Un système public commande un financement public. C’est l’évidence. Jusqu’à la fin des années 1970, le fédéral contribuait à hauteur de 50 sous pour chaque dollar investi par les provinces. Depuis, il a réduit sa participation à 23 sous et, pendant que les provinces demandent qu’elle atteigne les 25 sous, le fédéral propose plutôt de réduire, au cours des dix prochaines années, sa contribution à 20 sous par dollar investi.
Autrement dit, le fédéral réduit sa participation au financement public de la santé au moment où les besoins augmentent, notamment en raison du vieillissement de la population. C’est un choix. Un choix avec des conséquences. Il ne choisit ni la santé ni la solidarité canadienne. Nous demeurons convaincus que les citoyens préféreraient un autre choix.
Plutôt que le dialogue de sourds, pourquoi ne pas leur offrir une vision commune de soutien envers ceux qui nécessitent des soins et de collaboration entre percepteurs et décideurs publics ? Au-delà de la négociation sur les montants, nous devrions au moins nous entendre sur certains éléments de base.
D’abord, depuis les années de guerre, le fédéral occupe « temporairement » le champ de la taxation directe. Cela lui confère des ressources financières autrefois dévolues aux provinces. Ces ressources doivent soutenir les besoins de proximité de compétence provinciale, comme ceux de la santé. On ne parle pas ici de générosité, mais d’une obligation.
Ensuite, le gouvernement fédéral devrait indiquer clairement le degré d’importance qu’il accorde au système public de santé qui soigne les Canadiens. Veut-il accroître sa participation au financement ou choisit-il délibérément de la réduire ?
Enfin, et en conséquence, le gouvernement fédéral annoncerait la cible de contribution qu’il entend atteindre au cours des dix prochaines années. Si l’on demandait aux citoyens, il y a fort à parier qu’ils refuseraient le recul du financement fédéral. Ils conviendraient plutôt d’un retour au financement 50-50. Dans leur sagesse, ces citoyens nous indiqueraient sans doute d’y aller progressivement en nous donnant un objectif de 25 % au cours des dix prochaines années.
Pour le gouvernement fédéral, il est encore temps de choisir la santé. Le 50e anniversaire de l’assurance maladie publique au Canada et l’importance que lui accordent tous nos concitoyens devraient inciter le gouvernement fédéral à rehausser sa participation au financement public de la santé.