La vérité sur le cours ECR

J’entreprends, cette année, ma 33e année d’enseignement. Après avoir enseigné l’enseignement religieux et moral pendant plus de 20 ans, j’enseigne maintenant le cours ECR (éthique et culture religieuse), en 4e secondaire. Au départ, ce fut difficile pour moi de renoncer à l’enseignement religieux. Étant croyant, ayant étudié en théologie, je voulais faire partager ma foi chrétienne à mes élèves. Évidemment, c’était une autre époque. Il n’en demeure pas moins que j’ai dû m’adapter à une réalité que je n’avais pas choisie ! Par contre, tout en demeurant croyant, je ne retournerais pas en arrière.
Je suis fier et honoré de donner le cours ECR, car il incarne la réalité du monde actuel, sa diversité, sa complexité et ses exigences. Ce cours s’appuie en partie sur l’histoire, mais surtout sur le présent et ses enjeux. Voici le programme présenté à des jeunes de 15 ans.
Je commence l’année scolaire avec le thème de la tolérance (nous faisons référence au dalaï-lama et à Nelson Mandela pour en témoigner). Viens ensuite l’intolérance et ses victimes. Nous parlons donc de ces millions de gens tués parce qu’ils étaient différents, par leur origine ethnique, leur religion, leur sexe ou leur orientation sexuelle. Ces jours-ci, nous abordons le racisme et, plus spécifiquement, le nazisme, son apogée. Antisémitisme, eugénisme, xénophobie, endoctrinement, propagande, ignorance, préjugés et folie humaine sont au menu. Par la suite, nous discuterons d’homophobie. Je leur parlerai de la triste histoire de Matthew Shepard, 21 ans, torturé et assassiné au Colorado parce qu’il était gai. Terrifiant !
Viendra ensuite le module sur l’avenir de l’humanité. Sous l’angle des inégalités sociales, des sociétés productivistes et du manque de respect envers la nature et les animaux, nous regarderons les immenses défis que nous devons relever afin d’assurer demain et… après-demain ! Tout cela appuyé par la pensée d’Hubert Reeves, de Pierre Dansereau et de Michel Jurdant. Rien de moins ! Les questions existentielles, le sens de la vie, les grandes religions (leur fondement mais aussi leurs dérives et dérapes), la justice et enfin l’ambiguïté humaine (le dopage sportif et la tricherie) viendront clore l’année scolaire.
J’en profite pour inviter MM. Richard Martineau, Mathieu Bock-Côté et Jean-François Lisée à assister à un de mes cours (ou à un cours de mes excellents et rigoureux collègues). Simplement afin de constater que nous n’endoctrinons pas nos élèves, mais dénonçons, haut et fort, toutes formes d’intolérance, source de mal et de souffrance. Messieurs, l’objectif de ce cours est de rendre les jeunes plus conscients et sensibles, moins individualistes, moins égoïstes, plus ouverts sur la différence et plus respectueux des humains et autres formes de vie ! En peu de mots : participer activement, par des gestes salutaires et généreux, à la construction d’un monde meilleur ! Cela dépasse toute forme de politique et de nationalisme. Quel défi en XXIe siècle ou mensonges, désinformation et populisme règnent impérialement !
Je termine en parlant de l’essentiel : mes élèves bien-aimés ! Ils viennent du Pakistan, de la Russie, de la Roumanie, de l’Afghanistan, du Maroc, du Liban, d’Haïti, de l’Afrique centrale, du Guatemala, du Mexique, de la Corée du Sud, de la Chine… et du Lac-Saint-Jean ! Ils sont chrétiens, musulmans, bouddhistes, hindouistes ou non-croyants. Plusieurs parlent trois ou même quatre langues. Ils sont respectueux, allumés et plutôt lumineux. J’ai la chance de les connaître avant la fin de ma carrière. C’est un privilège d’enseigner à des jeunes qui ont des origines de partout dans le monde et des expériences de vie riches de sens.
Bientôt, nous accueillerons les réfugiés syriens. J’ai hâte de les rencontrer. Je serai humble et ému devant ces enfants de la guerre. Unis par notre humanité, nous partagerons tous ensemble ! Partager et non… endoctriner !