Quand décrier le végétarisme fait patate

Toutes les études récentes indiquent que l’élevage émet davantage de GES que le secteur des transports au niveau mondial.
Photo: iStock Toutes les études récentes indiquent que l’élevage émet davantage de GES que le secteur des transports au niveau mondial.

Dans un salmigondis de faussetés et d’incohérence, Colin Hélie-Harvey se commettait en ces pages (Le Devoir, le 1er avril) d’une remise en question du végétarisme comme outil de l’arsenal de la lutte contre les changements climatiques et nous abreuvait de la doxa dominante sur l’alimentation d’origine animale.

Partisans du pluralisme des idées et du débat éclairé, nous le sommes. Mais quand on lit toute sorte de sornettes, il faut remettre les pendules à l’heure et débrancher la machine à boules à mythes. Des mythes, en voici un florilège de ceux présentés par l’auteur.

« La production de viande : responsable de 18 % des gaz à effets de serre. » FAUX. L’auteur souligne que ce chiffre a été révisé à la baisse, c’est vrai. Cependant, les études du GIEC nous enseignent que, lorsqu’on tient compte de l’ensemble du secteur agricole, de la sylviculture et de l’utilisation des terres (machinerie, irrigation, etc.), ce chiffre augmente à 25 %. D’ailleurs, toutes les études récentes (incluant GIEC, 2014) indiquent que l’élevage émet davantage de GES que le secteur des transports au niveau mondial. De plus, le méthane (généré par l’agriculture) a un effet 25 fois plus puissant sur les GES que le CO2 (généré par le transport).

« Les protéines végétales sont moins disponibles et moins complètes. » FAUX. Le règne végétal contient les 20 acides aminés essentiels à la fabrication de toutes les protéines du corps humain. Il suffit de savoir bien marier ses aliments et de diversifier son alimentation pour aller chercher tous les éléments essentiels. Il est donc faux de dire qu’un hectare de production végétale présente une plus faible qualité nutritionnelle qu’un hectare qui servira à produire des protéines animales.

« Une grande partie des terres dans le monde ne sont pas propices à l’agriculture. » VRAI, mais là n’est pas le problème ! Le vrai problème, ce sont des milliers d’hectares de sols fertiles utilisés pour produire du grain pour nourrir le bétail. La viande, qui est le produit final de l’agriculture, nécessite énormément de surfaces céréalières pour nourrir le bétail. De plus, pour un steak de 200 g dans notre assiette, il faut trois tonnes d’eau ! Et le problème va en grandissant, car nous consommons deux fois plus de viande que nos parents et trois fois plus que nos grands-parents ! Et c’est sans compter l’impact des produits chimiques utilisés dans la culture des céréales (servant à préparer notre tranche de steak !) qui ont une durée de vie dans l’eau souterraine de mille ans. C’est donc l’agriculture industrielle, le vrai problème.

« Plusieurs recherches sérieuses démontrent qu’un pâturage intensif fait de façon adéquate est la meilleure solution de séquestrer une quantité importante de carbone dans nos sols. » FAUX. Il n’y a pas d’évidence scientifique selon laquelle l’élevage en pâturage est la meilleure solution pour séquestrer du carbone.

L’espace nous manque ici, mais, quel que soit l’angle sous lequel on le regarde, une des meilleures façons de vraiment diminuer significativement les émissions de GES est de substituer plus de végétaux aux produits d’origine animale (viande et produits laitiers) que nous consommons. Une alimentation d’origine animale est au minimum 10 fois plus intensive en énergie (certaines productions augmentent ce chiffre à 100) qu’un régime végétarien.

Alors, le végétarisme, un mythe et pas une solution à la lutte contre les changements climatiques ? Dans le système actuel de production agricole industrielle, consommation de viande ne peut rimer qu’avec désastre écologique.

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