Outremont: quand deux votes en valent trois

Depuis le départ de la conseillère Lucie Cardyn, il ne reste plus que trois conseillères et la mairesse, Marie Cinq-Mars, à Outremont.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir Depuis le départ de la conseillère Lucie Cardyn, il ne reste plus que trois conseillères et la mairesse, Marie Cinq-Mars, à Outremont.

Madame Elisabeth Ball déplorait, dans Le Devoir (« Il faut que ça change à Outremont ! », 11 février), le fait que deux conseillères, Mmes Jacqueline Gremaud et Céline Forget, avaient claqué la porte du conseil d’arrondissement d’Outremont. Elle en déduisait qu’elles avaient abdiqué parce qu’elles ne pouvaient pas remporter « un vote… [alors qu’en] tant qu’élues elles devraient savoir que parfois, en démocratie, il peut nous arriver de perdre ».

La réalité est toutefois bien différente de ce qu’en rapporte Mme Ball. La situation du conseil d’arrondissement d’Outremont est assez particulière actuellement. Il faut savoir que, à la suite du départ de la conseillère Lucie Cardyn, il ne reste plus que trois conseillères et la mairesse, Marie Cinq-Mars. Mindy Pollak, de Projet Montréal, vote systématiquement en bloc avec la mairesse. Comme on se retrouve avec deux votes contre deux, Marie Cinq-Mars en profite pour utiliser systématiquement son droit au vote prépondérant, ce qui bloque l’opposition des deux autres conseillères et donne à la troisième un poids démesuré par rapport à elles. Or la mairesse a utilisé par dix fois son vote prépondérant en deux séances. Elle l’a aussi utilisé pour refuser à trois reprises des ajouts à l’ordre du jour alors que la loi l’interdit, et pour faire passer entre autres une résolution illégale en limitant le droit d’expression d’une conseillère en séance. Est-ce ainsi que les résidants d’Outremont veulent que soit géré leur arrondissement ? Ne s’agit-il pas là d’un déni de démocratie ?

Un geste courageux

 

Quand Mmes Forget et Gremaud ont quitté l’hôtel de ville lundi dernier, elles l’ont fait pour mettre en lumière une situation inacceptable et attirer l’attention des citoyens sur ce qui s’y passait. Merci à elles. Il s’agit là d’un geste courageux et fait dans l’intérêt de tous les citoyens de l’arrondissement. Car quelle urgence y a-t-il à décider de questions litigieuses et délicates maintenant, alors que des élections au poste de représentant du district Robert-Bourassa sont prévues pour le 22 mars prochain ? Pourquoi ne pas attendre jusque-là et n’aborder que des questions de gestion quotidienne ? Par exemple, dans le dossier portant sur l’émission de permis universels autorisant les véhicules en autopartage à stationner dans les zones réservées aux détenteurs de permis (vignettes délivrées par l’arrondissement), il aurait été plus prudent d’attendre la venue du représentant de ce district, afin d’arrimer cette réglementation au plan de la Ville de Montréal qui sera présenté sous peu. L’urgence de discuter de ces questions d’intérêt public ne se justifiait pas, non plus que l’utilisation débridée du vote prépondérant. Il serait d’ailleurs pertinent qu’on réglemente ce droit, pour qu’il ne soit utilisé que de façon exceptionnelle et seulement quand on ne peut procéder autrement. Les intérêts de tous les citoyens de l’arrondissement n’en seraient que mieux pris en compte.

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