M. Baird, faites libérer Raïf Badawi!
Pendant que le gouvernement de Stephen Harper fait éloge à son projet de loi sur la tolérance zéro face aux pratiques culturelles barbares, Raïf Badawi, le défenseur saoudien de la liberté d’expression, a reçu le 9 janvier les 50 premiers coups des 1000 coups de fouet auxquels il a été condamné et qu’il doit recevoir au cours de 20 semaines.
M. Badawi, dont la famille a trouvé refuge à Sherbrooke, est emprisonné en Arabie saoudite depuis juin 2012. Il a été condamné à payer 300 000 $ d’amende et à dix ans de prison par le tribunal pénal de Jeddah pour avoir « blasphémé » et « adopté une position libérale ». Le Parti libéral du Canada condamne fermement cette peine inhumaine et presse le gouvernement de l’Arabie saoudite à revoir sa position dans le cas de M. Badawi, dont l’unique crime a été d’exercer pacifiquement son droit à la liberté d’expression et de promouvoir la liberté de religion.
En tant que porte-parole libéral en matière d’affaires étrangères, j’ai écrit au début janvier à l’ambassadeur de l’Arabie saoudite à Ottawa pour lui demander une rencontre afin de m’entretenir avec lui des inquiétudes de mon parti en ce qui a trait à la peine de M. Badawi. Je suis déçu de constater que l’ambassadeur n’a pas encore donné suite à ma demande. Le Canada a des intérêts politiques, économiques et sociaux avec de nombreux pays, y compris l’Arabie saoudite. Lorsque des désaccords surviennent à l’occasion entre notre pays et d’autres pays à propos de certains enjeux, notre gouvernement a l’obligation de se faire entendre. Le Canada a toujours défendu les droits de la personne et exprimé ses préoccupations concernant les violations de ces droits en maintenant un dialogue respectueux et ouvert.
Pourtant, c’est seulement après la mobilisation publique du 13 janvier à Montréal que le ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird, a déclaré avoir entrepris des démarches auprès de l’ambassadeur d’Arabie saoudite et par l’entremise de l’ambassadeur du Canada à Riyad. Après avoir appris que M. Baird devait rencontrer au Forum économique mondial à Davos le prince Turki al-Faisal, l’ancien ambassadeur d’Arabie saoudite aux États-Unis, j’ai aussi fortement incité M. Baird à aborder la cause de M. Badawi durant sa rencontre.
Je suis encouragé de voir que finalement, M. Baird a directement soulevé les préoccupations du Canada face à la sentence inhumaine de M. Badawi lors de sa réunion avec le prince à Davos. J’ai aussi été soulagé d’apprendre que pour la deuxième fois en deux semaines, la justice saoudienne a suspendu la flagellation de M. Badawi.
Étant donné que la paire se rencontrera une fois de plus à Ottawa durant une visite du prince planifiée à la mi-février, j’exhorte M. Baird à demander la libération inconditionnelle de M. Badawi et d’informer le prince que le Canada et le Québec sont prêts à accueillir M. Badawi, où lui et sa famille pourront résider en sécurité.
Même si M. Badawi n’est pas un citoyen canadien, le Canada a une responsabilité morale envers la femme et les enfants de M. Badawi. De ce fait, mon collègue Irwin Cotler, député libéral de Mont-Royal et porte-parole de notre parti en matière de droit international, assistera la femme de M. Badawi dans ses démarches pour sauver son mari. Maintenant que M. Baird se rend en Arabie saoudite pour rendre hommage au roi Abdallah, les yeux du monde entier seront rivés sur le Canada pour que le gouvernement utilise tous ses moyens diplomatiques pour pousser pour la libération de Raif Badawi.
M. Harper, M. Baird, la balle est dans votre camp.