Libre opinion - Que reste-t-il de l’art en 2014?

Alors qu’il n’y a pas très longtemps encore l’art se présentait comme opposé à l’utilitarisme techno-scientifique, voilà maintenant qu’il s’y associe. C’est ainsi que nos ordinateurs et nos consoles de jeux se voient revampés par des artistes en design, que nos grille-pain et nos cafetières se donnent des allures de vaisseaux de l’espace ou que nos lunettes ressemblent à des masques de carnaval.

 

L’artiste solitaire et rébarbatif d’autrefois se retrouve maintenant associé de près à la mode vestimentaire, à l’industrie automobile et à l’électronique. Il est aujourd’hui au coeur même du processus de production de nos biens de consommation. Faut-il s’en désoler ?

 

L’art semble désormais avoir comme fonction principale d’enjoliver notre quotidien. Le kitch, le vintage et le bling-bling sont autant de nouvelles formes d’art. Décorer sa salle de bain aussi. L’art s’est décloisonné, il n’y a plus de limites ! Et c’est tant mieux, diront ceux qui voyaient en l’art une chose réservée à l’élite. Aujourd’hui, tout le monde peut faire de l’art. Il suffit d’avoir un peu de sens esthétique et hop, voilà l’art !

 

L’art s’est démocratisé et se fait aujourd’hui présent partout. À travers de multiples expositions, on le présente maintenant comme le doux remède à l’ensemble des frustrations de la vie courante. Nous sommes à l’époque de l’art thérapie !


Grandes vérités

 

Dans le passé, l’artiste a toujours prétendu au dévoilement de grandes vérités. Et ces vérités se manifestaient par la beauté qui se dégageait des oeuvres d’art que celui-ci créait dans des moments d’inspiration. Par exemple, au XIXe siècle, la représentation d’un coucher de soleil sur une toile était un modèle de beauté. Mais, en 2014, doit-on encore s’en tenir à pareille conception

 

L’art semble être aujourd’hui plus un loisir que l’on s’offre au même titre qu’une séance de magasinage ou de pratique sportive. Selon les puristes de l’art cependant, nous en serions à un art de seconde classe, démocratisé à l’extrême pour les classes populaires, mais sans substance, dépossédé de ce qui faisait sa force : la voie vers les vérités essentielles, que ce soient celles de la nature, de Dieu ou de l’humanité. L’hyperconsommation actuelle d’objets et d’événements artistiques nous mènerait tout droit selon eux à la mort de l’art véritable.

 

Il est vrai que, souvent, les manifestations artistiques ne veulent que nous charmer à des fins commerciales. Par exemple, on nettoie et maquille aujourd’hui certaines villes anciennes à coup de millions pour en faire des musées à ciel ouvert pour touristes avides d’immersion historique. Aussi, avouons-le franchement, si nous sommes de plus en plus ouverts aux différentes manifestations de l’art, il nous touche de moins en moins en profondeur, sa beauté n’étant qu’une fine couche recouvrant notre univers mercantile.

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