Libre opinion - Jamais plus de Rabaska au Québec!

Depuis quelques jours, c’est avec soulagement et gratitude que je regarde la beauté du fleuve Saint-Laurent, entre la rive sud de Québec et l’île d’Orléans, un paysage identitaire, calme et paisible, riche de 400 ans d’histoire. On l’a échappé belle !

 

Il y a six ans que les décrets autorisant Rabaska ont été pris par le gouvernement libéral en écrasant la CPTAQ, qui s’était prononcée contre ce projet, en ignorant les avis de la santé publique, les questionnements du Conseil des monuments et sites du Québec, et par-dessus tout, la population directement concernée.

 

Ce projet n’a jamais eu de sens. Comment justifier, comme l’ont fait ses défenseurs, accroître la sécurité des approvisionnements énergétiques du Québec en important du gaz naturel liquéfié de Russie ? Comment défendre l’installation d’une jetée et d’un quai en plein Saint-Laurent, en face de l’île d’Orléans, et de réservoirs en terres agricoles dézonées de force et passées aux mains d’entreprises extérieures, sauf notre Gaz Métro nationale qui nous abreuve de sa publicité racoleuse sur les vertus du gaz naturel.

 

Ce qui a eu raison de Rabaska au final, c’est la situation énergétique nord-américaine qui a fait hésiter les promoteurs à investir les centaines de millions de dollars requis par ce monstre.

 

Rabaska est mort et c’est tant mieux. Mais il laisse des cicatrices. Parlez-en aux 125 familles qui ont vécu pendant les sept dernières années dans l’incertitude d’un déménagement volontaire ou forcé. Parlez-en à ceux qui ont vendu leur terre.

 

Tout ça, tout ce gâchis, aurait pu être évité si nos lois étaient un peu plus prévenantes. Pourquoi, en effet, donner des permis comme ceux délivrés par le ministère de l’Environnement sans que ceux-ci aient une date de péremption ? La protectrice du citoyen, après une longue étude du cas Rabaska, a suggéré une période de validité de cinq ans. Cela paraît raisonnable.

 

Dans le cas qui nous occupe, nous avons été sauvés par un bail en milieu hydrique qui, lui, avait une date d’échéance que la négligence de Rabaska a fait dépasser. Mais si ce damné projet n’avait pas eu de composante hydrique ? Combien de temps aurait-il fallu attendre avant que le promoteur décide, lui qui est assis sur des centaines d’hectares de terrain - maintenant industriels - que peut-être, finalement, il devrait renoncer à son projet?

 

Il est temps de rééquilibrer les choses. Si un projet se trouve justifié à un moment dans le temps, il ne peut l’être pour toujours. Si le promoteur n’a rien fait en cinq ans, c’est que quelque chose de fondamental a changé et il faut remettre les choses en l’état.

 

Jamais le dézonage et l’achat des terres n’auraient dû être autorisés avant de savoir si le projet avait une chance de voir le jour.

 

Tirons profit de cette catastrophe évitée pour modifier nos lois et fixer un délai de péremption à ces projets majeurs. Jamais plus de Rabaska au Québec !


Lise Lachance - Québec

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